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mercredi 10 avril 2013

Questions fréquentes sur la PEx (n°2)


Ce n'est pas la pédagogie qui compte mais la vocation de l'enseignant. 


Cette remarque signifie le rejet de toute forme pédagogique et le désir, volontaire ou non, de priver la profession d’un statut professionnel. Il est courant d’entendre dire qu’un enseignant se doit de posséder « LA vocation » : on est alors dans le sacerdoce, la réponse à un mystérieux appel, le bénévolat, le dévouement, bref, une mission plus qu’une profession à part entière.

Parle-t-on de vocation pour le métier de boucher, d’ingénieur, de secrétaire ? Bien sûr que non. Avoir la vocation signifie avoir entendu un appel, celui d’enseigner : celui qui l’a entendu prend alors son bâton de pèlerin et s’en va par les chemins, sa foi lui suffisant pour accomplir sa mission. Son salaire, la satisfaction d’avoir répondu à l’appel et d’avoir tout mis en œuvre pour y parvenir. Le vocabulaire religieux utilisé dans l’enseignement est parlant : vocation, dévouement, mission, amour (des enfants), engagement, passion. Il est fortement encouragé par le ministère : « Mais nous savons aussi la force de votre dévouement, la passion et la vocation qui vous animent… » (Lettre de Vincent Peillon à tous les personnels de l’Éducation Nationale, juin 2012).

D’ailleurs, l’actuelle crise du recrutement des enseignants est lue par le ministère comme une « crise des vocations ». Au passage, cela permet de passer sous silence la piètre rémunération, le manque de reconnaissance sociale qui va avec, le manque de moyens pour exercer le métier, les conditions matérielles déplorables et dans des cas de plus en plus fréquents, le danger de la profession (il n’est qu’à consulter les faits divers dans les journaux, auxquels on ajoutera ceux qui ne font pas la une de la presse) tant sur le plan physique que psychologique.

Ce schéma de représentation est archaïque, et se situe dans la lignée de celui des hussards noirs de la République, même s’il propose une rhétorique moins guerrière, les temps ont changé. Il mêle aspects humanitaires et religieux, minimise d’une certaine manière le rapport aux résultats et déresponsabilise l’enseignant. Evalue-t-on l’efficacité des prêtres ?   

Les enseignants sont les premiers à entrer dans ce modèle. Il est certes valorisant sur le plan des qualités personnelles et humanistes. Mais peut-être est-ce aussi une façon de chercher une reconnaissance sociale qui nous est refusée par ailleurs ?  Si c’est le cas, je ne pense pas que ce soit le bon moyen. Je dirai même que c’est contre-productif et que cela dépossède l’enseignant du statut d’expert qu’il devrait avoir.

La reconnaissance sociale du métier d’enseignant est liée à son statut de professionnel reconnu, qui seul peut lui conférer une autorité de praticien. Non, la vocation n’a pas de rapport avec l’enseignement. Ce qui fait le bon enseignant est son expertise professionnelle. L’enseignant professionnel est spécialisé en pédagogie, connaît les procédures et leur rapport à l’efficacité, est apte à choisir les mieux adaptées à la situation, réagit efficacement. L’expertise professionnelle s’enseigne et se transmet, elle n’est pas innée. L’enseignant doit avoir été formé à cela. Bien entendu, cela n’obère en rien les qualités personnelles que peut posséder l’enseignant comme l’intérêt pour son métier et ses motivations profondes, mais celles-ci à elles seules sont insuffisantes.

Une profession qui se définit par des données aussi subjectives que cela est une profession immature. C’est pourquoi le courant de l’Enseignement Explicite se démarque radicalement de ce modèle dominant et entend faire de l’enseignant un véritable professionnel, un expert dans son domaine, dont l’efficacité repose avant tout non sur des qualités humaines et subjectives, mais sur des données probantes ainsi que sur une excellente connaissance des outils nécessaires pour des apprentissages réussis.


A bientôt ici même pour une autre remarque.


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