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jeudi 21 août 2014

Pour une bonne rentrée

Quand on débute dans le métier d’enseignant,  il y a deux façons de faire : on peut être persuadé que la formation reçue est professionnalisante, on a hâte d’être sur le terrain, on ne doute pas. Ou alors, on est un peu plus pragmatique et conscient des limites de la formation reçue pour aborder une classe dans la vraie vie. Dans ce cas, on surmonte l’inquiétude en préparant et "sur préparant" sa classe. C’est à ce type de personnes que ce billet s'adresse.
Voici, pêle-mêle, quelques principes conduisant à plus d’efficacité et à une approche plus sereine. Ils font partie de l’Enseignement Explicite et ont été largement développés par John Hattie dans son étude Visible LearningQuand on débute, nous l’avons tous fait, on rédige des tonnes de fiches de préparation, on essaie de penser à tout, en général, on prévoit trop, on prévoit mal. Bien sûr, cela est formateur. Néanmoins, le mieux étant l’ennemi du bien,  cette accumulation documentaire peut empêcher parfois de prendre du recul et faire oublier certaines règles de base. En voici quelques-unes qui doivent tenir lieu de gouvernail dans toute planification pédagogique.

  • Être conscient que l’enseignant, par ses actions, a un impact sur les apprentissages. Rappelons-nous de la phrase de S.Engelmann « Si l’élève n’a pas appris, alors le professeur n’a pas enseigné ». Il ne s’agit pas de culpabiliser l’enseignant, mais de prendre conscience de l’utilité du choix d’actions pédagogiques efficaces. Tout enseignant commet des erreurs, et a expérimenté des leçons qui n’ont pas marché. Cela n’est pas grave dans la mesure où il est capable d’en être conscient dans un premier temps, d’en faire l’analyse, et surtout de se corriger. Le meilleur moyen pour un débutant est de faire abstraction de sa formation et de focaliser sur ses élèves et les réactions qu’ils développent face à son enseignement. L’enseignant est, selon la formule de John Hattie un « agent du changement » (sur le plan cognitif) et non, comme le croit l’école constructiviste un « guide accompagnateur » (guide by the side).
  • Avant toute chose, dès le premier jour de l’année scolaire, mettre en place une bonne gestion de classe, grâce aux règles à faire respecter. C’est un préalable indispensable : il s’agit d’installer durablement les comportements propices aux apprentissages.
  • Instaurer un climat de respect et confiance mutuelles.
  • Être conscient que toutes les actions pédagogiques n’ont pas le même impact sur les apprentissages. Éliminer celles qui n’apportent rien de tangible. Certes, cela est difficile au début ; par exemple, lorsque l’on vous a persuadé que la mémorisation systématique de certains faits ou une pratique soutenue sont des actions inefficaces, il n’est pas aisé de tenter autre chose et d'aller contre la doxa. 
  • La conséquence du point précédent : apprendre à écouter, observer les élèves, à les questionner. Leurs réactions vous instruisent sur la manière dont ils ont appris, ou dont ils n’ont pas appris. Cette observation vous informe aussi sur leur niveau précis. Éviter la tendance courante consistant à trop parler. Écouter et observer.
  • Être conscient des 3 phases de l’apprentissage : novice, avancée, experte. Savoir les identifier chez les élèves afin d’y répondre au mieux.
  • Savoir qu’il est vain d’enseigner un contenu si le contenu préalable n’est pas acquis ; on doit toujours lier la nouvelle information à la précédente.
  • Permettre aux élèves d’être conscients de leurs apprentissages, établir une pensée métacognitive  et leur apprendre à se concentrer.
  • Faire développer la persévérance et faire accepter l’idée d’effort avec ses passages plus ou moins agréables. Toujours mettre en exergue le plaisir du résultat, lié aux efforts accomplis. Cela contribue à développer un esprit dynamique.
  • Toujours fournir un feedback sur le travail et sur la progression.
  • Enfin ne pas oublier que l’enseignement explicite est une méthode pédagogique dont l’efficacité a été montrée, tant par la recherche que par la pratique en classe.

Déjà, si on garde en tête ces quelques éléments, c’est un premier pas vers l’efficacité. Engelmann faisait remarquer dans l’un de ses ouvrages que le travail d’enseignement n’est pas une mise en scène destinée à séduire un éventuel public, c’est un travail de tous les jours, parfois laborieux, parfois plus facile. Ce qui compte n’est pas l’hypothétique leçon modèle que l’on pourrait faire devant un observateur patenté et qui correspondrait aux canons de la pédagogie officielle, mais plutôt tout ce qui se fait quotidiennement, parfois répétitivement, sans paillettes mais avec efficacité. 

Pour en savoir plus sur l'Enseignement Explicite,visitez Form@PEx, le site francophone de référence.

Bonne rentrée à tous, débutants ou pas ...


lundi 11 août 2014

Le rouge ou le vert

Le système chiffré de notation des élèves est accusé d’accentuer l’échec scolaire. Voilà une phrase qui fait maintenant partie des poncifs. Elle suppose que donner des notes chiffrées ferait diminuer le niveau scolaire des élèves, paralysés par la peur d’un funeste zéro, laquelle les pousserait même à s’abstenir de répondre. L’argument aurait pu faire illusion un siècle auparavant, quand les enseignants conduisaient encore leurs classes à la férule, au sens propre. Mais quiconque connaît les élèves aujourd’hui ne peut que douter.

Donc, on reproche à l’évaluation chiffrée de décourager, d’être malveillante et de pointer les erreurs. Notre ministre a même eu une phrase historique en voulant illustrer d’un exemple l’idée que l’évaluation doit être bienveillante et stimuler au lieu de décourager : « Un écolier qui éprouve des difficultés en grammaire et en syntaxe obtiendra un zéro en dictée. S'il a progressé en syntaxe, mais qu'il fait trop de fautes en grammaire, il aura toujours un zéro. » Pour la petite histoire, notre ministre de l’éducation de toute évidence, ne sait pas ce qu’est la grammaire, ni la syntaxe et encore moins l’orthographe !

Les notes chiffrées n’accentuent en rien l’état des lieux mais révèlent une réalité, un niveau scolaire. Elles pointent les lacunes des méthodes utilisées pour enseigner et plus largement celles du système éducatif dans son ensemble, plus qu’elles n’humilient les élèves. C’est exactement comme si, devant une radiographie montrant une fracture, on accusait le cliché d’être à l’origine du mal. Les propositions faites pour pallier ce soi-disant problème consistent, depuis plusieurs années, à édulcorer les évaluations, à bannir les notes chiffrées au profit d’appréciations supposées moins violentes du type Acquis, En cours d’acquisition etc… C’est ainsi qu’on nous propose aujourd’hui de corriger les dictées en passant les erreurs sous silence et en soulignant en vert les mots correctement orthographiés. Comme si le fait de souligner en rouge les mots mal orthographiés n’avait pour autre but que celui de stigmatiser l’élève. Si le but de la dictée, entre autres, est de s’entraîner à l’orthographe, il doit permettre à l’élève de travailler sur ses erreurs afin de ne plus les commettre à l’avenir. Si on occulte les erreurs, où est l’intérêt de l’exercice ? Donnons un exemple : que va faire un patineur qui réussit ses pirouettes mais n’est pas assuré dans ses sauts ? Se contentera-t-il de pirouetter encore et encore en se disant qu’il est bon ou bien travaillera-t-il ses sauts afin de s’améliorer ? Le raisonnement que l’on tente de nous vendre pourrait être suspecté de vouloir maintenir l’élève dans ses difficultés. En tout cas, il est bien éloigné de l’esprit dynamique indispensable à toute forme éducative.

Faute d’avoir le courage de reconnaître l’inefficacité du système éducatif, les donneurs de leçon usent d’un argument spécieux paré de toutes les vertus humanistes. Quand, abondamment relayés et appuyés par les médias, ils affirment  d’un ton docte « les notes traumatisent les élèves et sont à l’origine de l’échec » beaucoup de personnes, en particulier parmi les parents d’élèves, applaudissent des deux mains, enfin soulagés de pouvoir mettre un nom sur les difficultés de leurs enfants : le système de notation. Ce faisant, les  décideurs, qui par ailleurs disent aussi être du côté des enseignants, se comportent exactement comme si les enseignants persistaient à noter les élèves par méchanceté, afin de stigmatiser leurs lacunes, afin de les humilier et totalement incapables de  faire la différence entre la valeur d’un travail et la valeur personnelle de l’élève qui l’a produit. À croire qu’ils ont recruté des brutes épaisses.    

S’en prendre aux notes chiffrées est simplement un premier pas vers la suppression de la notation en général et montre un système qui veut définitivement casser le thermomètre pour mieux ignorer l’ampleur des dégâts. Les appréciations que beaucoup d’enseignants se sont résignés à utiliser ne sont qu’un moyen terme avant la suppression totale. Le système rêvé du ministère serait un système sans évaluation (ni nationale et surtout pas internationale), sans notation, sans aucune mesure sauf celle consistant à dire que tous les élèves sont excellents, mais attention, de manière différenciée tout de même ! Malheureusement dans cette perspective déjà bien engagée, la vraie vie rattrape vite les élèves à la sortie de l’école; ce qui se parait des vertus d’un système égalitaire se révèle de fait être la plus injuste et élitiste manière d’instruire les enfants. Seules les familles culturellement favorisées pourront le contourner.

Pour en savoir plus sur les arguments traditionnels contre les notes voir ici.

     


mardi 5 août 2014

Un dessin vaut mille mots (3)

Parce qu’un dessin vaut souvent mieux qu’un long discours, voici une sélection, très subjective, je l’avoue. Merci à tous ces artistes.


Aujourd’hui, les facettes du métier ...

Le salaire



La retraite




Les conditions d'exercice


Un métier méconnu



Un métier en constante évolution

http://marietournelle2/



Des perspectives de carrière hors du commun


On peut même devenir Directeur d’école




Un métier qui fait rêver



Un métier souvent critiqué



Et pourtant