Un article du Café pédagogique propose un questionnaire relatif à la conception de l’acte d’apprendre. Par-delà la forme jargonnante adoptée par l’auteur [1],
j’ai trouvé intéressant de répondre de manière ouverte aux questions du
point de vue de l’Enseignement Explicite et ce dans le seul but
d’informer celles et ceux qui sont intéressés par ce type
d’enseignement.
1 – Pour vous, apprendre, cela signifie :
… emmagasiner en mémoire à long terme un certain nombre de
compétences, savoirs et habiletés définis par les programmes. Savoir les
utiliser de manière autonome. Apprendre relève de la responsabilité
directe de l’enseignant comme l’a si souvent souligné Engelmann : « Si l’élève n’a pas appris, alors le maître n’a pas enseigné ».
2 – Ce que sait déjà un élève au sujet d’un savoir à enseigner (ses représentations) :
… est essentiel, car on ne peut construire sur du vide. Il faut
s’assurer de la maîtrise des connaissances pré-requises sur lesquelles
seront abordées d’autres concepts ou habiletés.
3 – Pour permettre aux élèves d’apprendre, l’enseignant :
… met en place des leçons claires et explicites en partant de ce qui
est connu et en graduant les difficultés. Il veillera à s’exprimer
clairement, sans ambiguïté, évitera les redondances, choisira
méticuleusement exemples et contre-exemples et surtout veillera à la
bonne compréhension par les élèves. Il corrigera immédiatement les
erreurs de manière raisonnée. Il pratiquera le renforcement positif avec
abondance.
4 – Dans le cadre du travail didactique, interagir avec ses camarades :
… est utile à condition que cela intervienne au moment de la
pratique, c’est-à-dire quand les élèves ont compris la notion et
commencent à la pratiquer. La pratique du tutorat est également une
interaction positive autant pour celui qui montre que pour celui qui en
bénéficie.
5 – Un élément de savoir ou une compétence élémentaire :
… sont liés. Le savoir est d’ordre conceptuel, il s’accompagne
d’habiletés procédurales. Le tout forme une compétence particulière.
L’enseignant doit agir sur les deux : transmettre des savoirs et des
habiletés en veillant à leur compréhension et à leur mise en mémoire à
long terme.
6 – Savoirs et connaissances :
… sont au cœur des apprentissages. L’enseignant a pour mission, entre
autres, de transmettre des savoirs afin qu’ils se transforment en
connaissances chez les élèves, qui par la suite pourront les utiliser de
manière autonome pour structurer leur pensée. Les savoirs et les
habiletés sont une base indispensable à la construction d’une pensée
autonome et critique. Sans cela on se contente d’inculquer ou de
formater les esprits.
7 – Faire travailler activement des élèves :
… signifie que les élèves doivent être cognitivement sollicités,
c’est indispensable pour un enseignement réussi. Mais attention à la
dérive : ne pas confondre une classe agitée et une classe active ! Pour
solliciter cognitivement les élèves, il existe des façons de faire dans
lesquelles ils sont en situation de réflexion ; ils ont des tâches à
accomplir à leur niveau, c’est-à-dire qu’ils sont capables cognitivement
de réaliser.
8 – Lorsqu’un élève se retrouve en difficulté ou en échec, c’est :
… 9 fois sur 10, du fait que l’élève ne maîtrise pas les
connaissances préalables nécessaires pour comprendre ce qui est
enseigné. Ex : un élève ne maîtrisant pas la lecture sera incapable de
résoudre un problème mathématique de manière autonome. Un élève n’ayant
pas la notion de verbe ne pourra aborder celle de sujet du verbe. D’où
l’importance de s’assurer de la bonne maîtrise des connaissances
préalables avant d’introduire une nouvelle notion.
9 – Pour remédier à la difficulté scolaire d’un élève :
… on identifie les lacunes et on reprend l’enseignement de ce qui
fait défaut. On le fait pratiquer davantage et on veille à ce qu’il
intègre en mémoire à long terme les connaissances et habiletés.
Contrairement à une idée reçue, la compréhension doit être accompagnée
d’une pratique intensive et d’une mémorisation. Il y a un consensus de
la recherche sur le sujet.
10 – En classe, l’autorité et la discipline sont nécessaires pour :
… parler de ce qu’on appelle aujourd’hui, plus largement, la gestion
de classe. C’est-à-dire de l’ensemble des conditions qui vont favoriser
les apprentissages : comportement social, comportement vis-à-vis des
apprentissages, règles de classe, autorité de l’enseignant etc. La
gestion de classe est primordiale, elle doit précéder le travail sur la
gestion des matières. En effet, si celle-ci est défaillante, les
apprentissages, et ce quelle que soit la méthode pédagogique utilisée,
ne pourront se mettre en place efficacement. On a pendant longtemps
sous-estimé, à tort, la gestion de classe et des comportements. Sur la
question, on pourra lire avec profit tout ce qui concerne le SCP (soutien au comportement positif) ou les travaux de J.C.Richoz.
11 – Un élève apprend mieux lorsqu’il :
… comprend ce qui lui est expliqué, lorsqu’il pratique avec succès,
lorsqu’il est encouragé et aidé. Lorsqu’il est dans un environnement
propice, calme, en confiance. Lorsqu’il réalise qu’il est capable de
réussir en étant actif, en faisant des efforts. Tout cela est possible
si l’enseignant prend en compte le niveau de départ de l’élève, met tout
en œuvre pour être compris par lui, et pratique le renforcement
positif. L’élève apprend mieux lorsqu’il réalise qu’il en est capable en
réussissant des tâches à sa portée. Cela ravive son estime de soi et le
réconcilie éventuellement avec les apprentissages. L’élève apprend
mieux lorsqu’il sait que l’enseignant a confiance en lui et lui donne
les outils pour réussir. Par contre l’élève n’apprend pas et baisse les
bras dès qu’il réaliser que la tâche donnée est pour lui impossible à
accomplir (car il n’a pas les outils pour ce faire).
[1] . Sylvain Connac, La personnalisation des apprentissages, Esf - Café pédagogique, Paris 2012,.
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