En cette période
où l’on parle beaucoup de temps et de rythmes scolaires, il me semble
intéressant de communiquer cet article
de Daniel Willingham qui s’interroge sur l’impact du temps alloué à la
pratique, sur l’apprentissage des élèves. Les cognitivistes considèrent que
l’apprentissage effectif conduit à un changement dans la mémoire à long terme.
Sans cela, l’élève n’a pas appris.
D.Willingham
présente les travaux qui ont conduit à la mise en évidence de l’effet
d’espacement (spacing effect) :
selon cet effet, il est plus efficace de proposer plusieurs séances relatives à
une même leçon sur plusieurs jours, que de les étaler sur une seule et même
journée. La rétention à une semaine est bien meilleure.
L’effet
d’espacement ne concerne pas les révisions (représenter une leçon ayant déjà été
abordée mais ayant été soumise à l’oubli), il ne concerne que la répartition
dans le temps de la durée initialement prévue pour la pratique. Cela ne veut
pas dire que les révisions sont inutiles, bien au contraire.
À court terme ou
à long terme ? Un très grand nombre d’expériences et mesures apportent les
preuves que l’effet d’espacement permet une meilleure rétention en mémoire à
court terme. Les études sur le long terme (plusieurs années) sont plus
difficiles à réaliser et moins abondantes ; il semblerait néanmoins que
l’effet d’espacement s’applique aussi sur la mémorisation en termes d’années.
D.Willingham décrit ces diverses expériences et précise également que la
plupart des connaissances scolaires sont concernées.
Enfin, il
propose plusieurs pistes pour orienter en conséquence les enseignants dans leur
classe.
1/ Sélectionner
les connaissances les plus importantes (celles qui sont indispensables).
2/ Pour ceux qui
font pratiquer les devoirs à la maison, inclure des exercices permettant
d’étaler la pratique.
3/ Ne pas
favoriser le bachotage (travailler longuement en une seule fois). S’arranger
pour que la pratique intervienne sous des aspects variés .Dans les
évaluations, proposer des exercices portant sur les diverses leçons ayant déjà
été traitées et évaluées. Cela permet aux élèves de prendre conscience que l’on
n’apprend pas une fois pour toutes, mais qu’il faut revenir sur la question à
plusieurs reprises. Réinterroger fréquemment sur des sujets déjà traités évite
l’oubli.
4/ En primaire,
profiter des moments de transition ou autres moments non scolaires pour poser
des questions sur des points traités précédemment.
5/ Découper les
sujets en petites unités pouvant être pratiquées facilement et les utiliser
dans des jeux, quizz de classe, discussions, devoirs …
6/ Associer les
élèves aux processus cognitifs : leur expliquer qu’ils doivent s’entraîner
souvent, plutôt qu’une seule fois, longtemps.
ö
Les « pédagogies modernes » ont donné
mauvaise réputation aux exercices répétitifs et plus généralement à toute forme
de mémorisation, au prétexte fallacieux que cela nuisait à la compréhension et
que celle-ci se suffisait à elle-même. Et le mythe s’est installé. La
mémorisation à moyen terme et à long terme est devenue une bête noire chez les
enseignants. Manque de concentration, fatigue, journées trop longues sont
régulièrement les explications. Certes, mais, honnêtement, peut-on reprocher
aux élèves qu’ils oublient si on ne leur donne pas les outils pour les en
empêcher ?
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