Mario Richard donne ici un excellent exemple des raisonnements erronés, mais séduisants, qui ont été tenus en enseignement depuis des années. Celui-ci consiste à attribuer le décrochage scolaire à la démotivation, elle-même supposée être la conséquence d’une école inintéressante. Autrement dit, si les apprentissages ne se font pas ou se font mal, ce serait en raison d’un manque de motivation : l’école devrait donc s’adapter afin de susciter des motivations.
Or, cela est faux et les nombreuses expériences qui ont été menées dans divers pays l’ont montré.
La motivation à l’école, comme l’estime de soi,
est d’ordre scolaire et elle est le fruit de la réussite scolaire. Cela a été
étudié, montré, expérimenté.
Alors pourquoi ne pas se pencher sur ce qui peut
susciter la réussite scolaire, comme par exemple les méthodes pédagogiques ?
Les données probantes sont à l’heure actuelle très documentées et nous
permettent d’orienter nos pratiques bien plus efficacement.
Le problème ne se situe donc pas dans l’existence
des preuves et des données mais dans l’utilisation de celles-ci dans le domaine
éducatif. Mario Richard nous explique qu’au Québec, les résistances commencent
peu à peu à céder et je m’en réjouis. Néanmoins, ici en France, nous sommes
encore loin du compte et l’evidence based
practice fait toujours peur. La question sous-jacente est : les
injonctions pédagogiques doivent-elles s’appuyer sur des données probantes, sur
une idéologie, sur une tradition ? Pour y répondre, il faudrait avant
toute chose situer l’idée d’efficacité en enseignement et surtout celle des
buts de l’École.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Les commentaires sont modérés. Ne seront retenus que ceux qui sont en rapport avec le sujet, clairement énoncés, courtois, et non injurieux.