Entretien avec John Sweller, suite. Ci-dessous le billet 7.
Billets précédents
5 / La motivation : quel rapport avec la théorie de lacharge cognitive ?
6 / L'échec productif
6 / L'échec productif
7 /
Comment mesure-t-on la charge cognitive ?
OL: Voici des questions posées par Raj que
j’ai rencontré il y a quelques semaines. Il habite dans le Queensland. Il vient
d’achever la lecture de votre ouvrage : Sweller J, Ayres PL, Kalyuga S, 2011,
Cognitive load theory, 1st, Springer, New York.
JS: Oui d’accord, il
a toute ma sympathie. (rires)
OL: Oui c’est une
personne assidue. Il était ingénieur et maintenant il a choisi l’éducation.
On oublie la première question qui
chevauche le billet précédent. Donc
la deuxième question est : on a déjà mesuré la charge cognitive par
auto-évaluation, par les tâches secondaires et par les marqueurs
physiologiques. Quelles sont les
faiblesses de ces façons de mesurer la charge cognitive ? Et quelle mesure
ou combinaison de mesures est la plus fiable ?
JS: Ok. J’utilise systématiquement l’auto-évaluation parce
que c’est un moyen sensible. C’est ce qu’il faut en premier. Vous avez besoin d’un
outil sensible par rapport à ce qu’est la charge cognitive. Vous pouvez avoir
quelque chose qui mesure la charge cognitive mais il faut de grandes différences
de charge cognitive pour pouvoir utiliser ces outils. Une mesure de charge
cognitive qui réagirait seulement à la différence entre quelqu’un de
pratiquement endormi et quelqu’un très concentré, serait complètement inutile.
OL: Quelles questions
posez-vous ?
JS: J’utilise le test Paas 1992 test qui consiste à
demander : « à quel
point avez-vous trouvé cette situation difficile ? »Paas utilise sa
version originale qui ressemble à ceci : « Quelle quantité d’effort
mental avez-vous mis dans ce travail ? » Elles sont lourdement corrélées.
C’est rapide, cela prend seulement quelques secondes, et c’est très sensible.
Vous pouvez facilement percevoir les différences entre les conditions quand
vous utilisez ce test. Un autre outil sensible est constitué par les tâches secondaires.
C’est aussi efficace que l’auto-évaluation mais plus compliqué à mettre en œuvre.
Vous devez mettre en place tout un système, afin de permettre les tâches
secondaires, et parfois le système en question peut évoluer en un mécanisme et
une technologie qui, dans une classe normale, peuvent se révéler très compliqué
à installer. Le dernier outil, les marqueurs physiologiques, a fait l’objet de
travaux sans fin. Ils ne fonctionnent pas encore à l’heure actuelle. Nous n’avons
pas encore de marqueurs physiologiques sensibles. Nous avons des marqueurs
physiologiques qui montreront la différence entre étudier réellement un sujet
et regarder par la fenêtre. Ce n’est d’aucune utilité pour nous. Nous avons
besoin de quelque chose qui marque réellement la différence entre, par exemple,
étudier un exemple résolu et résoudre un problème, ou alors entre étudier un
exemple résolu dans un contexte d’attention partagée, et le faire dans un
contexte de format intégré. La question de Paas et les tâches secondaires
feront cela. Les marqueurs physiologiques, en dépit des efforts incessants
faits par de nombreuses personnes dans le monde entier, depuis des années et
des années, ne fonctionnent pas vraiment.
OL: Oui, tout cela est
sensé. Nous passons maintenant à l’autre point : dans la théorie de la
charge cognitive, en quels effets avez-vous le plus ou le moins confiance comme
donnée probante ?
JS: Oh, je peux répondre à cela d’une certaine manière. Je fais
entière confiance à ceux que j’énumère dans le livre. Je suis confiant car mes
étudiants et moi avons mené plusieurs expériences qui l’ont démontré. Les gens
dans le monde entier ont fait des expériences. Si vous voulez savoir quelle est
la plus populaire, c’est l’étude des exemples résolus. Tout le monde a étudié et
testé cela. Mais on peut aussi dire que l’attention partagée est importante, que
la redondance est importante, que l’effet de l’information transitoire, qui est
un effet tout nouveau, est important ; tous sont importants. Donc finalement,
ma confiance est basée sur toute donnée disponible et j’ai aussi une opinion
subjective à propos des effets qui ont été plus étudiés que d’autres. Et pour
ce concerne tout sujet ayant été très étudié.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Les commentaires sont modérés. Ne seront retenus que ceux qui sont en rapport avec le sujet, clairement énoncés, courtois, et non injurieux.