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samedi 1 avril 2006

Enquête PIRLS 2006

1/ Présentation
Cette enquête, reconduite tous les cinq ans et réalisée pour la première fois en 2001, mesure l'évolution de l'apprentissage de la lecture et de la compréhension de l'écrit dans 35 pays sous l'égide de l'International Association for the Evaluation of Educational Achievement (IEA) L'étude concerne les élèves de CM1 (9/10 ans). Elle analyse les résultats de tests évaluant les méthodes pédagogiques d'apprentissage de la lecture littéraire et informative. PIRLS rassemble de nombreuses informations concernant l'influence de l'école et du milieu familial sur les capacités des enfants à apprendre à lire.
Partant du principe que le lecteur mobilise toute une gamme de capacités, de stratégies cognitives et méta-cognitives ainsi que des connaissances préalables sur les objets abordés, le test de lecture porte sur les compétences suivantes :
• prélever des informations explicites,
• faire des inférences directes,
• interpréter et assimiler des informations,
• examiner et évaluer le contenu la langue et les éléments textuels.
Deux objectifs structurent l’enquête : lire pour accéder aux textes littéraires, lire pour acquérir et utiliser des informations.
Les conclusions de l’enquête se détaillent en plusieurs chapitres :
Chapitre 1 : Comparaison entre pays selon les scores obtenus
Chapitre 2 : Comparaison avec les résultats de 2001
Chapitre 3 : Les activités en lecture littéraire à la maison
Chapitre 4 : Les attitudes des élèves face à la lecture, auto-évalutation des élèves en tant que lecteurs, fréquence des activités de lecture
Chapitre 5 : Programmes des écoles et organisation de l’enseignement de la lecture
Chapitre 6 : Les enseignants et leurs différentes approches pédagogiques : méthodes, matériel, activités
Chapitre 7 : Les environnements spécifiques des écoles : démographie des élèves, des enseignants, des directeurs, des parents, ressources des écoles, engagement à la maison, climat d’apprentissage, sécurité, soutien scolaire
Ces fascicules sont complétés par sept documents annexes parmi lesquels l’un est consacré au cas de la Norvège et de l’Islande.
S’ajoute à cela une encyclopédie présentant les systèmes éducatifs des pays concernés.
Les résultats chiffrés généraux sont divisés en quatre groupes selon les scores :
Jusqu’ à 400 : niveau bas
De 400 à 475 : niveau moyen
De 475 à 550 : niveau élevé
De 550 à 625 : niveau très élevé

2/ Remarques générales

Voici quelques observations d’ordre général, des situations courantes, portant sur l’ensemble des pays :
- Les filles réussissent mieux que les garçons sauf au Luxembourg et en Espagne où il y a égalité.
- Presque tous les participants ont au moins le niveau de base (niveau 400).
- Les pays qui se sont améliorés depuis 2001 l’ont fait à la fois dans le décodage et dans la compréhension ; ceux qui ont baissé ont aussi baissé dans les deux.
- La présence de livres à la maison est en rapport (tout comme en 2001) avec la réussite ainsi que l’aptitude à lire des parents et leur attitude vis-à-vis de l’écrit.
- Il y a un lien entre la façon dont l’élève se perçoit en tant que lecteur (bon ou mauvais) et les résultats.
- Il y a un lien fort entre la réussite en CM1 et le temps passé en maternelle.
- Parmi les approches pédagogiques, la plus fréquente consiste à travailler avec la classe entière.
- La taille des classes en moyenne est de 24 ; allant de 17 (Luxembourg) à 42 (Afrique du Sud).
- 17 % des élèves avaient besoin d’un soutien en lecture ; dans pratiquement tous les pays, le nombre d’élèves nécessitant un soutien est supérieur à celui des élèves bénéficiant effectivement d’un soutien ; 60 % des élèves qui le nécessitent n’ont pas accès à un soutien spécifique.
- 57 % des élèves ont des enseignants ayant eu une formation portant surtout sur la langue, la pédagogie et la littérature.
- 90 % des élèves ont des enseignants qui utilisent un manuel une ou deux fois par semaine.
- Les enseignants demandent plus de lecture littéraire que de lecture informative.
- 65 % des élèves font de la lecture silencieuse quotidiennement.
- La pratique des questionnaires par écrit est très répandue pour vérifier la compréhension ; 75 % des élèves en font.
- Dans 89 % des cas, il y a des bibliothèques dans les écoles.
- 65 % des élèves ont accès aux ordinateurs à l’école ; 57 % ont aussi dans l’école un accès Internet ; il y a de grandes différences entre pays mais dans l’ensemble, on note une augmentation depuis 2001.
- On réussit mieux en lecture dans une école avec peu d’élèves en difficultés (pas plus de 10 %) que dans une école avec beaucoup d’élèves en difficultés (plus de 50 %, issus de milieux économiquement défavorisés).
- 48 % des élèves fréquentent des écoles qui impliquent les parents d’élèves ; il y a un rapport légèrement positif entre la réussite et le degré d’investissement de l’école vis-à-vis des parents.
- Les écoles à faible taux d’absentéisme ont de meilleurs résultats ; la France fait partie des pays pour lesquels la situation s’est aggravée depuis 2001 ; pour 34 % des élèves, l’absentéisme n’est pas un problème, pour 54 % c’est un problème mineur, pour 5 % un problème moyen et pour 6 % un problème sérieux.

3/ Les résultats (hors France)

Les cinq pays en tête avec des scores très élevés sont la Fédération de Russie, Hong-Kong, Canada (Alberta), Canada (Colombie britannique), Singapour. Les pays qui ont progressé de manière significative pendant ces cinq ans sont la Fédération de Russie (+ 37), Singapour (+ 30), Hong Kong (+ 36). Cela nous montre que le sacro-saint modèle finlandais n’est pas le seul à étudier. Il faut se débarrasser des a priori trop courants dans le monde éducatif et aller voir comment font les systèmes qui réussissent mieux.
Liste des pays qui sont dans une dynamique ascendante : Canada (Ontario), Allemagne, Hong Kong, Hongrie, Iran, Israël, Italie, Moldavie, Nouvelle Zélande, Russie, Singapour, Slovaquie, Slovénie.
Liste des pays qui sont dans une dynamique descendante : États-Unis, Suède, Ecosse, Roumanie, Norvège, Pays-Bas, Maroc, Lituanie, Lettonie, Islande, France, Angleterre, Canada (Québec), Bulgarie.
Notons au passage que l’Angleterre a chuté de 14 points. En Angleterre, les méthodes à départ alphabétique bénéficient actuellement d’un regain d’un intérêt ; néanmoins, elles n’ont pas de caractère obligatoire. Elles sont encouragées par l’état mais les écoles sont libres.
L’Écosse a gagné un point depuis 2001. Le cas de l’Écosse est très intéressant car elle a expérimenté récemment une enquête sur la lecture pendant une durée de 7 ans dans le comté de Clackmannan. Le but était de comparer les résultats des élèves ayant appris à lire par la voie synthétique avec ceux des élèves ayant appris par la voie analytique. La conclusion est que l’approche synthétique phonique est plus efficace.
Voir : http://www.scotland.gov.uk/Publications/2005/02/20688/52464

4/ La France

Concernant la moyenne en lecture littéraire et lecture informative, la France se trouve au 27e rang sur 45 avec un score de 422 ce qui la situe dans la catégorie Résultats moyens. Derrière des pays comme le Canada, les États-Unis, ou des pays européens comme le Luxembourg, la Hongrie, l’Italie, la Suède, l’Allemagne, la Belgique flamande, la Bulgarie, les Pays-Bas, le Danemark, l’Angleterre, la Slovaquie, l’Écosse.
La France a baissé de 3 points entre 2001 et 2006, son absentéisme s’est aggravé. Ce qui permet de s’interroger sur ce qui s’est passé pendant ce laps de temps, en particulier pour la lecture. C’est le temps de la réforme de 2002 de Jack Lang dont on peut dire qu’elle a manqué de résultats concrets. Ce n’était pas faute pourtant d’avoir élaboré un programme de plusieurs centaines de pages : l’illisibilité des programmes n’est pas une garantie d’efficacité. Décréter que la méthode globale était néfaste n’a pas suffi car c’était insuffisant. Les praticiens des méthodes mixte (à départ global) ont continué comme si de rien n’était.
Les programmes devraient se réduire à des catalogues de connaissances, compétences et habiletés que les élèves doivent posséder à tel ou tel niveau (degré d’enseignement) et faire preuve de beaucoup plus de clarté quant à l’expression. Les injonctions d’ordre pédagogique ne devraient pas y figurer, remplacées par l’exigence de résultats. Le bon fonctionnement des choses étant garanti par les IEN. Mais encore faudrait-il qu’ils soient débarrassés de leurs a priori pédagogiques ou idéologiques pour ne regarder que les résultats obtenus.
Quant à l’absentéisme français, il ne se résoudra que lorsque l’instance politique aura le courage de s’y attaquer.



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The Knowledge Deficit E.D. Hirsch

The Knowledge Deficit
E.D. HIRSCH Jr
Houghton Mifflin Company, 04/2006, 169 p.
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E.D. HIRSCH Jr : Auteur du best seller Cultural Literacy. Il est le fondateur de la Core Knowledge Foundation, à qui tous les droits d’auteur de ce livre seront reversés, et membre de l’American Academy of Arts and Sciences.

Résumé :
E.D. Hirsch Jr, auteur du best seller Cultural Literacy et notre plus clairvoyant penseur de l’éducation, propose une solution urgente face au déclin national et catastrophique des résultats en lecture.
Comment est-il possible, demande-t-il, que les élèves américains aient de si faibles résultats par rapport aux autres pays, et que leurs résultats soient inversement proportionnels au temps qu’ils passent à l’école ?
S’appuyant sur des observations, sur l’histoire des idées, et sur ce que l’on sait du développement intellectuel, Hirsch donne son interprétation : alors que nos écoles excellent dans l’enseignement des mécanismes de la lecture, elles échouent littéralement auprès de tous les petits Américains, quelle que soit leur origine sociale, qu’ils soient dans le public ou dans le privé, parce qu’ils ne possèdent pas les connaissances nécessaires pour comprendre ce qu’ils déchiffrent. Brillamment, Hirsch montre que cette culture de base dépend moins des compétences techniques de la lecture, toutes enseignées actuellement dans les écoles américaines, que du contact avec des livres au contenu riche et attrayant.
Ses arguments sont incontestables car :
- ils donnent aux parents d’élèves les outils pour améliorer chez leurs enfants la compréhension ;.
- ils montrent comment le programme No Child left Behind et les évaluations de la compréhension (SAT) ont mesuré la compréhension – une habileté basée sur les connaissances qui est enseignée sans succès dans nos écoles ;.
- ils s’attaquent à la faiblesse des programmes d’état ;
- ils expliquent en détail comment les écoles américaines pourraient devenir les meilleurs et plus puissants antidotes à la pauvreté et à cet écart scolaire constaté entre milieux ethniques.

Voilà un carnet de route pour les parents qui réfléchissent, pour les enseignants et pour les citoyens. The Knowledge Deficit montre exactement comment nous pouvons transformer toutes les écoles américaines en lieux où la compréhension de l’écrit serait effectivement transmise et pourquoi cet objectif est encore plus important dans une perspective démocratique.

« Un message important, exprimé de manière éloquente. »    
Steven Pinker, Professeur de psychologie, Université de Harvard, et auteur de L’instinct du langage et Comment l’esprit fonctionne
« Si nous avions fait ce que dit E.D. Hirsch, et si nous nous étions assurés que tous les élèves indépendamment de leur race, de leurs revenus, de leur environnement, soient en contact avec un programme au contenu riche, ambitieux, bien construit, les écoles auraient pu être différentes de ce qu’elles sont aujourd’hui. »

Ed McElroy, président de la Fédération Américaine des Professeurs (American Federation of Teachers)
« Le nouveau travail percutant, argumenté avec passion de E.D. Hirsch ne pouvait pas arriver au meilleur moment. Les déficits américains en lecture et connaissances sapent non seulement la compétitivité économique et le combat pour la justice sociale mais les fondements même de sa démocratie. Ce travail concis et expert est l’une des plus importantes contributions au débat en cours à propos du plus urgent problème interne à notre nation. »     
Orlando Patterson, auteur de Liberté : La liberté dans la construction de la culture occidentale
« Un dossier irréfutable sur la réforme de l’éducation. Un coup d’oeil au plan montre que la culture générale est une espèce en voie de disparition. »
Diane Rehm