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lundi 1 février 2010

Pour ou contre les TICE à l'école ?



Le débat entre technophobes et technophiles est une autre facette de la querelle pédagogique qui a cours aujourd’hui. Choisir une option, pro ou anti, induit l’attachement à l’un ou l’autre des camps en présence. Non seulement, cela ne fait pas avancer les choses, mais contribue à crisper les esprits. Il serait temps de réaliser que les technologies nouvelles sont soumises à l’utilisation qu’en fait l’enseignant et de cesser de faire croire qu’elles vont envahir l’école, sonnant le glas des acquisitions qui sont supposées s’y faire. L’enseignant reste maître à bord et choisit, dans le cadre de ses propres pratiques pédagogiques, la manière dont il va les utiliser. On peut les considérer de deux points de vue, celui des élèves et celui de l’enseignant.

Si nous regardons vers les élèves, la question est : ces technologies favorisent-elles, sur un plan cognitif, les acquisitions scolaires ? La réponse n’est pas si simple. Les méta-analyses de Slavin, par exemple concluent que ce sont les méthodes d’enseignement qui ont le plus d’effets sur les élèves, devant les programmes et les moyens technologiques. Il est clair qu’une méthode pédagogique inefficace restera inchangée, même si elle baigne dans le plus high tech des environnements numériques. Si en même temps qu’on enseigne l’usage de la calculette, on décide de ne plus demander aux élèves d’apprendre leurs tables de multiplication, il est clair qu’ils ne les connaîtront pas. Mais cela n’empêche pas la rumeur d’imputer à l’arrivée de la calculette dans les classes, les déficiences en calcul.

Autre angle d’attaque : ces technologies améliorent-elles les pratiques des enseignants ? Sont-ils, grâce à elles plus efficaces dans l’atteinte de leurs objectifs ? Seront-t-ils plus efficaces avec des craies multicolores, un tableau vert et une brosse ? Ou bien avec un TNI, ses palettes d’outils graphiques, ses capacités de stockage, etc. ? Préfèreront-t-ils avoir recours à des manuels papier pour chaque élève, aux manuels numériques ou encore préfèreront-t-ils préparer leurs propres leçons sur un support numérique ?

Une idée très courante est d’associer les nouvelles technologies aux pratiques pédagogiques non transmissives, pédagogies de projet centrées sur l’enfant et autres pédagogies actives. Le rapport Fourgous ne se prive pas de le rappeler. Ainsi, il établit d’emblée une relation de cause à effet entre les résultats aux tests PISA et les équipements informatiques des pays concernés. C’est extrêmement réducteur car d’autres pratiques pédagogiques ont tout à y gagner, c’est le cas de la pédagogie explicite par exemple. Un outil comme le TNI y est particulièrement adapté et permet un gain de temps considérable en classe.

En vertu de la liberté pédagogique, l’enseignant reste maître du choix de ses méthodes, mais est aussi redevable des résultats obtenus en classe. L’environnement, qu’il soit numérique ou non, doit être au service de cette pratique et à celui des résultats obtenus par les élèves. Même si, personnellement, je reste persuadée qu’il ne faut pas débrancher les écoles, mon expérience de terrain me conduit à dire que ce qui fait la différence, c’est la méthode pédagogique.

Enfin, reste la question de la formation des enseignants aux nouvelles technologies. A la différence de leurs élèves, beaucoup d’entre eux ne sont pas nés dans l’ère numérique, et il faudrait autre chose que quelques stages d’un ou deux jours pour leur donner un niveau de maîtrise suffisant. Il serait enfin temps qu’une véritable formation vienne remplacer l’auto-formation trop souvent seule ressource dans le monde enseignant.