En Enseignement Explicite, les actions pédagogiques tiennent compte des principes de base de l’architecture cognitive, le but étant d’éviter toute procédure cognitivement coûteuse.
La charge cognitive est la quantité de ressources mentales déployées pour réaliser une tâche. L’architecture cognitive, définie par Sweller [1] , est constituée d’une mémoire de travail ou mémoire à court terme (MDT) limitée en temps (environ 20 secondes) et en quantité (7 éléments) pour l’acquisition des nouvelles informations. S’y ajoute la mémoire à long terme, (MLT) lieu de stockage de toutes les informations, de contenance illimitée, dans laquelle les informations sont organisées en schémas. Apprendre consiste à augmenter les connaissances de tous types, contenues en MLT. La surcharge cognitive s’opère quand on donne à la MDT plus d’informations à traiter qu’elle n’en est capable ; cela rend alors le passage en MLT impossible.
Certains sujets ont une forte charge intrinsèque, car ils sont formés d’éléments ayant une forte interactivité entre eux. Dans ce cas, les limites de la MDT sont vite franchies. C’est pourquoi en Enseignement Explicite, on fractionne les notions complexes et une fois qu’elles ont été acquises comme des éléments isolés, elles peuvent être liées entre elles facilement, sans surcharge cognitive et la compréhension intervient. En ce sens, l’apprentissage précède la compréhension. Une connaissance nouvelle se lie ainsi à une autre, déjà acquise. En Enseignement Explicite, avant d’aborder une nouveauté, l’enseignant insiste sur les connaissances préalablement acquises auxquelles elle se rapporte. Ne pas tenir compte de la charge intrinsèque explique l’échec des méthodes de découverte qui donnent trop d’informations nouvelles à traiter, mettant d’emblée les élèves face à la complexité, alors qu’ils n’ont pas les moyens cognitifs de traiter les informations. Pour nombre d’informations, les schémas organisationnels en MLT peuvent être automatisés, ce qui permettra alors à l’information d’être traitée avec un moindre effort conscient, et donc à l’origine d’une baisse de la charge en MDT. L’Enseignement Explicite pratique l’automatisation de ce type de connaissance. Par exemple, l’automatisation du déchiffrage en lecture ne coûte rien en MDT et la libère pour le sens. Il en va de même pour l’apprentissage des tables de calcul, des algorithmes d’opérations. Un autre moyen de libérer la charge cognitive est d’éviter la charge inutile ou mobilisation de ressources non pertinentes pour l’objectif. Pour cela, l’Enseignement Explicite recommande d’éviter dans la présentation toute digression, redondance, information superflue. L’enseignant évite aussi de donner des tâches sans rapport direct avec l’objectif d’apprentissage.
Enfin, pour terminer ce portrait tracé à grands traits, les recherches en sciences cognitive nous disent que certaines techniques d’enseignement, comme par exemple l’utilisation de problèmes résolus, perdent de leur effet quand l’expertise augmente. En conséquence, l’enseignant devra être attentif et capable de savoir à quel moment ses élèves ont atteint un niveau d’expertise tel, qu’il peut s’effacer peu à peu et réduire son guidage.
[1] La charge cognitive - Théorie et application (Lucile Chanquoy, André Tricot, John Sweller) Armand Colin 2007.
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