Avoir
une excellente santé physique : l’âge moyen des
débutants étant de 28 ans,[1] le
nombre d’annuités nécessaires étant de 42 ans, cela signifie une fin de
carrière à l’âge de 70 ans. Dans ces conditions, compte tenu de la pénibilité
du métier, mieux vaut être en bonne santé. Ne comptez pas sur la médecine du
travail pour veiller sur vous car elle est totalement absente du système.
Avoir
une excellente santé psychique : celle-ci vous permettra de
résister aux multiples pressions et harcèlements émanant des élèves, des
parents d’élèves et de la hiérarchie réunis. Quand vous vous ferez insulter,
prendre à parti, voire agresser, quand votre professionnalisme sera remis en
question, ainsi vous ne craquerez pas et vous saurez faire la part des choses.
Avoir
des revenus complémentaires confortables : en effet, le salaire
est si bas qu’il ne permet pas à l’heure actuelle de faire vivre correctement
une famille; les augmentations de salaire ne couvrent pas celles du coût de la vie et le pouvoir
d’achat s’amenuise considérablement d’une année sur l’autre. Si vous n’avez pas ce genre
de ressource complémentaire, alors, il est impératif d’avoir des besoins modestes
et de se plaire dans une vie simple et rustique. Quelques jours par an de
vacances en camping par exemple, devraient vous suffire.
Avoir
une personnalité particulière :
- être docile et malléable : indispensable pour appliquer les réformes successives qui de toute éternité vont dans le sens d’une complication des conditions de travail des enseignants.
- être crédule : tenir pour vrai les dogmes et mythes pédagogiques dispensés, sans jamais les remettre en question, même devant le manque de résultats chez les élèves. S’imaginer que l’on est reconnu dans son métier quand on l’exerce correctement. Car, si les élèves n’ont pas de résultats vous serez remis en cause, s’ils en ont, on dira que les élèves étaient bons.
- Ne pas avoir d’ambition de carrière : une fois qu’on est enseignant, on le reste. De toute façon, si on quitte le métier, on ne sait rien faire d’autre.[2]
- être mobile : ne pas redouter des postes fractionnés imposant de longs trajets.
être
sensible à la flatterie : tenir pour vraies des déclarations officielles du type « vous avez été revalorisé », « enseignants, je vous aime » ou
encore « dans l’école de demain,
vous serez mieux rémunérés ».
Être
sa propre ressource en tout lieu et en toutes circonstances. Comme
dit la sagesse populaire : « Si tu cherches une main secourable, tu
la trouveras au bout de ton bras. » Les enseignants en difficulté ne
doivent compter sur personne pour une aide efficace. Au mieux, ils seront
inondés de conseils qui ne feront que les enfoncer, au pire, ils seront
culpabilisés pour leur manque de savoir-faire. Mais cela veut dire aussi
pallier les insuffisances matérielles du système : se débrouiller quand
les budgets sont serrés, savoir gérer la pénurie matérielle.
Aimer
la solitude. Contrairement aux apparences, l’enseignant
est seul. Seul dans sa classe face aux élèves, (mais ce n’est pas là, la pire
des solitudes), seul face aux parents d’élèves, seul face à sa hiérarchie, seul
face à l’image négative que lui renvoie la société. Contrairement au discours
officiel qui prône le travail d’équipe, l’enseignement est un métier très
individualisé.
Croire
qu’il suffit de vouloir pour pouvoir. Par exemple, prendre en
charge des élèves à profil spécifique, sans avoir été formé pour cela.
Être versé dans le bénévolat : travail supplémentaire
hors des heures de présence, remboursement aléatoire des frais de déplacement
lors des stages ou journées de formation.
Cette liste n’est pas
destinée à dénigrer l’acte d’enseigner en soi, qui à mon avis est une tâche
passionnante, mais à pointer les conditions d’exercice de ce métier qui, au fil
des ans, se sont exagérément dégradées, à tel point que d’aucuns gémissent
aujourd’hui sur une « crise des vocations »,sans toutefois essayer d’en
trouver les raisons.
Si néanmoins vous vous reconnaissez dans ce descriptif, alors n’hésitez pas et postulez immédiatement.
Il paraît que l’on recrute à l’Educ Nat’.
Françoise Appy
[1] Moyenne relevée en 2011.
[2] Un bémol toutefois : il existe à
l’heure actuelle une association d’aide aux professeurs qui veulent quitter le
métier http://www.aideauxprofs.org/index.asp?affiche=Accueil.asp
Description très réaliste...hélas!
RépondreSupprimerVous devriez changer de métier
RépondreSupprimerHélène X..., Votre conseil, sans doute éclairé, ne changera rien à la réalité de la situation. Les enseignants qui font le même constat que moi sont de plus en plus nombreux. Mais, tant que les instituts de formation continueront à formater des exécutants dociles, dépourvus d'esprit critique, notre système éducatif perdurera dans son inefficacité criante.
SupprimerCe commentaire a été supprimé par un administrateur du blog.
RépondreSupprimer