David Geary est un psychologue cognitiviste spécialisé
dans la théorie développementale et évolutionniste. Il enseigne à l’université
du Missouri, Columbia.
L’innumérisme est aux mathématiques ce que
l’illettrisme est à la langue. C’est un problème relatif à la maîtrise des
nombres.
Dans un article récent [1],
David Geary s’est penché sur les origines de l’innumérisme. Il a recueilli
toutes les preuves et données relatives aux origines de ce problème ; il
en a déduit qu’il s’agit très probablement d’une déficience dans la
représentation numérique. Daniel Willingham en fait une présentation dans son
blog [2] .
La gestion des données mathématiques s’appuie dans
notre cerveau sur un système d’approximation numérique : nous naissons
tous avec cette aptitude particulière à la numération (ainsi que d’autres
espèces). Le système ne permet pas un comptage précis mais la comparaison de
quantités par des formules telles que « plus que » ou « moins
que ».
Ainsi, dans cette figure, d’un seul coup d’œil, nous
sommes capables de savoir quel nuage contient le plus de points noirs. Nous pouvons
le faire sans compter. Le système d’approximation numérique ne dépend pas de la
différence absolue entre les deux nuages mais du ratio entre les deux. Ainsi
des adultes peuvent discriminer un ratio de 11/10 alors que des enfants
pourront le faire dans un ratio de 2/1. Les adultes ont une capacité de
discrimination beaucoup plus fine.
D.Geary envisage 3 causes possibles à l’origine des
problèmes d’innumérisme.
- Le système d’approximation numérique ne se développe pas au bon rythme, l’enfant est plus lent dans son développement cognitif relativement à la représentation des quantités.
- Le système fonctionne mais il y a un problème dans l’association des symboles (le nom des nombres, leur graphie) avec les quantités. Il pense que dans ce cas, une régulation de l’attention pourrait aider à cette aptitude.
- Certains enfants peuvent estimer la valeur cardinale des nombres sans toutefois comprendre la relation logique entre eux ; cela veut dire qu’ils ne sont pas capables d’appréhender la structure comme un tout.
D.Geray soutient que les preuves relatives à ces 3
causes sont très convaincantes.
D.Willingham termine la présentation de cet article
par une intéressante remarque précisant que les mathématiques, comme la
lecture, ne sont pas des activités humaines naturelles. La structure cognitive qui leur permet de fonctionner est directement issue
d’autres systèmes mentaux, c’est pourquoi elle peut être parfois fragile ou
manquer de pérennité. S’intéresser à ce qui ne fonctionne pas est la bonne voie
pour aider les enfants qui rencontrent des difficultés.
[1] Geary, D.
(2013) Early foundations for mathematics learning and their relations to
learning disabilities. Current Directions in Psychological Science,
22, 23-27.http://cdp.sagepub.com/content/22/1/23.abstract
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