Cela
devait arriver ; le ministre de l’Éducation Nationale compte
sur l’École pour lutter contre le
terrorisme islamiste « porter
les valeurs de la République », « faire vivre et transmettre
les principes», tels qu’une culture commune de tolérance
mutuelle et de respect, le refus de
l'intolérance, de la haine, du racisme et de la violence, la liberté de conscience, d'expression …Serait-ce
reconnaître que l’École a failli, en matière de transmission des valeurs
« républicaines » ? Pourtant, ce n’est pas faute d’avoir mis l’accent
sur l’éducation civique et morale dans les programmes, et ce depuis de
nombreuses années. Alors, il faut croire que d’autres éléments sont à prendre
en compte.
Si
les valeurs républicaines inculquées par l’école se présentent comme un
catéchisme citoyen à assimiler sans que les élèves n’aient la culture nécessaire
à sa compréhension, cela est inutile voire contre-productif, surtout quand ces
mêmes valeurs sont en désaccord profond avec celles transmises par les familles
ou l’environnement.
Je
suis persuadée néanmoins que l’École a un rôle à jouer dans la transmission des
valeurs fondamentales de notre société. Mais ce n’est pas un énième programme
d’éducation civique et morale qui changera grand-chose à mon sens. Il en va des
valeurs comme de l’esprit critique[1],
elles ne s’acquièrent que dans le cadre d’une culture acquise et comprise. Si
nous voulons que l’enseignement dispensé forme des citoyens éclairés, ce qui de
toute évidence n’est pas le cas actuellement, il faut transmettre tous les
éléments culturels qui vont permettre l’exercice de la compréhension profonde,
de l’esprit critique et de la pensée en général. Autrement dit, tout ce qui
permettra à l’individu de ne pas se laisser dominer par le dernier gourou à la
mode ; tout commencerait donc par une maîtrise parfaite de la lecture en
fin de scolarité élémentaire, la lecture étant une voie d’accès à la culture et
à la pensée. C’est un fait : il y a un nombre élevé d’élèves de sixième ne
parvenant pas à comprendre un texte simple (15% connaissent même des
difficultés de lecture sévères ou très sévères[2]).Pour
eux commence alors le cycle inéluctable de l’échec scolaire. On imagine
aisément à quel point il sera facile de les endoctriner, que ce soit sous des
étiquettes religieuses, politiques ou autres, pour peu qu’ils soient aussi en
rupture sociale et familiale.
Effectivement,
l’École aurait un rôle à jouer mais il faudrait pour cela opérer une véritable
et profonde révolution. Tout d’abord en redonnant à l’institution et aux
enseignants l’autorité perdue et en ayant pour seule boussole la recherche
d’efficacité, ce qui en d’autres termes signifierait s’appuyer sur les données
probantes. En bref, il faudrait que l’École entre enfin dans la réalité et
cesse d’être une sorte d’univers parallèle peuplé de bisounours. La réalité nous
rattrape de toutes façons et le prix à payer est alors exorbitant.
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