J’ai entendu récemment ceci à propos d'efficacité : « Ce qui est le plus important ce sont les contenus
que l’on enseigne. Quant à la méthode, il suffit qu’elle convienne à
l’enseignant, c’est une affaire personnelle. » Autrement dit, l’efficacité
de l’enseignement reposerait sur la constitution de contenus et aucunement sur la manière dont ils sont
transmis. Il suffirait donc de concocter un « bon » programme et
l’efficacité serait au rendez-vous.
Si les choses étaient aussi simples, le niveau des élèves ne
serait pas aussi catastrophique. Le contenu des programmes, aussi critiquable
soit-il depuis quelques décennies, n’aurait jamais à lui seul obtenu les
résultats que l’on connaît. Toutes les notions inscrites dans les programmes,
aussi légères puissent-elles sembler pour certains, seraient acquises. Or ce
n’est même pas le cas. La lecture courante est au programme depuis des années
et les résultats en la matière ne sont pas au rendez-vous. Un certain nombre de
connaissances de la langue ou des mathématiques sont au programme, et de
nombreux élèves ne les maîtrisent toujours pas.
L’argument nie l’importance des méthodes pédagogiques dans la
recherche d’efficacité à l’exception de celles qui seraient une création propre
de l’enseignant et qui siéraient à sa personne. La contradiction est de taille.
Le fait d’associer l’efficacité aux contenus seuls est une façon de rejeter les
données probantes en matière d’action pédagogique. Une façon de nier les
preuves comme par exemple, celles montrant qu’un enseignement direct explicite
et structuré est une approche plus efficace qu’un enseignement peu guidé tel
que celui dit par découverte. Ou bien celles, de nature cognitive, nous montrant
qu’il faut aborder les notions de manière progressive et que l’accès direct à
la complexité ne permet pas d’apprendre efficacement. En matière d’action
pédagogique, ce qui compte, ce n’est pas le bien-être de l’enseignant dans sa
façon de faire et d’organiser sa classe, ni même le bonheur des élèves réunis
autour d’un maître qu’ils adoreraient mais le rapport aux résultats.
Aujourd’hui, nous avons les moyens de savoir quelles actions favorisent les apprentissages.
Alors, pourquoi se priver de les utiliser ?
Force est de constater la persistance de cette idée fausse expliquant qu’il suffit que l’enseignant soit bien dans sa classe et dans sa
façon de faire pour agir efficacement. Cela part d’un constat bien réel :
on enseigne mieux quand on est bien dans sa méthode. Mais de là à en conclure
qu’il suffit d’être bien pour être efficace, le raccourci, aussi séduisant
soit-il, est abusif. C’est ainsi que naissent les mythes.
L’efficacité n’est pas un jugement. Il existe aujourd’hui des
moyens de mesure de l’efficacité de l’acte pédagogique et certaines méthodes sont avérées plus efficaces que d’autres.
L’enseignement explicite en
fait partie, même s’il n’en a pas l’exclusivité et que la recherche continue. Ainsi, le dernier rapport de l’IGEN décrit les caractéristiques d’une séquence
d’enseignement efficace. Ce sont celles de l’enseignement explicite.
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