A l’instar de l’astronomie, le ministère de l’Éducation Nationale, a fait des observatoires un outil indispensable à son exercice. Et ce depuis plusieurs décennies. Dès qu’un problème surgit, le réflexe est désormais acquis : créons un observatoire. Certes, ce n’est pas propre à l’éducation, c’est un outil largement répandu dans notre société. [1] Cela mobilise beaucoup de personnel, souvent détachés de leurs postes habituels, de l’argent, de l’énergie, sans parler des tonnes de papier destinées aux rapports. Nous avons déjà l’Observatoire international de la violence à l’école et l’Observatoire européen de la violence scolaire ; auquel nous devons ajouter feu l’Observatoire national de la lecture ( 2011). Pour quels résultats ? La violence scolaire n’a pas baissé si l’on en croit les gens de terrain, les faits divers rapportés par la presse et ceux passés sous silence. Le niveau des élèves en lecture est toujours aussi catastrophique si l’on en croit les gens de terrain et les diverses évaluations. Est-ce une spécialité française que de nier la réalité, de faire semblant, de ne pas tenir compte de ses erreurs pour tenter d’autres solutions ? Ou bien est-ce simplement dans l’air du temps ? Quoi qu’il en soit, nous avons un sérieux problème. On pourrait imaginer que nos astronomes éducatifs utilisent des télescopes défectueux, mais c’est assez improbable vu le prix qu’ils y consacrent. Non, le problème dépasse la simple observation et se situe au niveau de l’analyse des données et des solutions envisagées. Cette débauche d’observation, de concertations, de missions, de communications et autres tables rondes ne permet pas de dire que depuis leur existence les observatoires ont changé les choses. Ce serait une bonne idée de distribuer à tous les enseignants de France et de Navarre un questionnaire sur le sujet. Car, après tout, ne seraient-ils pas eux aussi habilités à porter un jugement, voire à proposer des pistes. Ne sont-ils pas des spécialistes de l’école ? Mais encore faudrait-il que leurs propositions soient prises en compte. Non, ce n’est pas dans les habitudes de demander aux intéressés leurs avis. Tout au plus leur fait-on croire qu’ils sont consultés, lors de grandioses mascarades “démocratiques”. Qu’à cela ne tienne. Notre actuel ministre a décidé de s’attaquer à la violence scolaire. Par conséquent, un nouvel observatoire est annoncé : l’Observatoire de la violence scolaire. Il sera dirigé par Éric Debarbieux, déjà président de l’Observatoire international de la violence scolaire. D’aucuns se réjouissent de sa grande expérience en la matière, et les mauvaises langues le renvoient à cette expérience même. Il en définit l’essence comme « la connaissance au service de l’action ». Nous voilà donc rassurés sur la question, une fois de plus. Certains me trouveront de mauvaise foi, trop critique ou sarcastique ; alors à ceux-ci, je propose la création d’un Observatoire des observatoires, indispensable outil pour enfin pouvoir nous forger une idée objective sur la question. Je suis tout de même surprise que personne n’y ait déjà pensé… [1] Juste pour le plaisir des mots, voici pêle-mêle, quelques observatoires (bien réels !) que l’on peut trouver par-ci par-là : Observatoire national de la sécurité, Observatoire national pour l’enfance en danger, Observatoire sociologique du changement, Observatoire national de la délinquance et de la réponse pénale, Observatoire national de la vie étudiante, Observatoire de la parité, Observatoire des sciences et des techniques, Observatoire des discriminations, Observatoire des ressources numériques adaptées, Observatoire des ressources multimédias en éducation, Observatoire des ruptures, Observatoire des pratiques pédagogiques, Observatoire des politiques culturelles, Observatoire des inégalités, Observatoire de la franchise… |
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mercredi 14 novembre 2012
A chaque problème son observatoire
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