Voici
une conférence donnée par Elena Pasquinelli, chercheuse spécialisée dans
l’application des sciences cognitives à des domaines d’intérêt social. Cette
prestation est passionnante tant par le contenu, clairement énoncé et argumenté,
que par la forme et un discours bien senti, non dépourvu d’humour. Je vous
conseille vivement de visionner le clip dans son intégralité.
Aujourd’hui,
la prise de décision fait l’objet de deux tendances ; certains pensent qu’elle
doit s’appuyer sur nos intuitions, nos instincts, d’autres disent qu’elle doit s’aider
de la science. Elena Pasquinelli fait partie de la deuxième catégorie :
elle expose ici cette nécessaire rencontre entre science et société en
expliquant qu’elle n’est pas sans risque. Elle choisit ici de présenter les
risques dans la rencontre entre éducation et cognition.Elle identifie trois risques : Utiliser le savoir scientifique
directement et de manière prescriptive – Passer directement du laboratoire à la
salle de classe en ignorant les autres variables possibles – Les neuromythes.
L’essentiel
de son exposé tourne donc autour des neuromythes qu’elle présente, dont elle fait
l’historique et qu’elle démonte : Effet Mozart – Tout se joue avant 3 ans –
Plasticité du cerveau (cerveau multi-tâches ; techno mythes) – Cerveau
droit/gauche (A cette occasion, elle démonte l’argumentaire du programme Brain Gym)– Entraînement
« musculaire » du cerveau – Nous n’utilisons que 10 % de notre
cerveau.
À
retenir, cette définition du neuromythe :
C'est une croyance
fausse présentant les caractéristiques suivantes :
* Est exprimée dans un langage scientifique,
* Est inspirée par des résultats scientifiques qui sont : mal
interprétés ou simplifiés ou périmés.
Cette
croyance a une grande capacité de résistance à l’information disponible.
Enfin, Elena Pasquinelle termine son propos par un
faisceau d’explications nous permettant de comprendre pourquoi ces neuromythes
sont si résistants à l’information documentée. Et suggère quelques pistes pour
lutter effectivement contre leur diffusion.
Voici le genre d’exposé qui devrait être
diffusé à tous les enseignants et fortement recommandé par la hiérarchie en
lieu et place par exemple des « animations pédagogiques » stériles où
l’on nous demande de devenir nos propres ressources. Les sciences de la
cognition sont absentes de la formation, ce qui est le meilleur moyen pour
laisser la porte ouverte aux neuromythes y compris bien sûr chez les
formateurs.
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