L’Enseignement Explicite, faute de faire partie des outils institutionnels d’enseignement, est souvent victime de méconnaissance, d’interprétations erronées, y compris même par certains qui s’en revendiquent. Ainsi, j’ai trouvé au fil de mes visites sur Internet un diaporama de présentation, d’auteur anonyme, qui confondait joyeusement enseignement transmissif et enseignement traditionnel et qualifiait par conséquent l’Enseignement Explicite de non transmissif. Ce méli-mélo propre à dérouter quiconque voudrait en savoir plus, a eu au moins un intérêt : celui de m’interpeller sur une description plus adéquate des choses.
En
général, le critère de distinction des méthodes pédagogiques est leur
spécificité, c’est-à-dire le type d’action menée par l’enseignant. Ainsi,
depuis des lustres, on a l’habitude de distinguer les méthodes transmissives (dites
aussi directes) qui transmettent directement les informations de celui qui sait
vers celui qui ne sait pas encore, et les méthodes indirectes supposées faire découvrir
celui qui ne sait pas encore. Ce faisant, on les différencie par leurs modes
d’action. Cette classification ne permet pas un choix très éclairé si on
s’arrête là. Exagérons un peu (à peine) : je vais choisir une méthode par
découverte car je me vois mieux dans le rôle d’un accompagnateur (guide by the side selon l’expression de
John Hattie) ; je vais choisir une méthode transmissive car j’ai envie de
dispenser un cours magistral.
D’où la
véritable question : pourquoi choisir telle ou telle méthode ?
Question légitime pour quiconque jouit d’une véritable et entière liberté
pédagogique. Il n’y a qu’une seule réponse possible à cette question :
pour son efficacité. C’est-à-dire pour les résultats induits. On ne peut pas,
dans une société avancée, prétendant former les citoyens éclairés de demain,
faire l’économie de la quête d’efficacité en matière éducative. Dès lors, les données
probantes deviennent incontournables. Par conséquent, plutôt que d’utiliser la
sempiternelle distinction transmissif/non transmissif (avec tous les
sous-entendus négatifs collés au transmissif) il serait plus juste de distinguer
les méthodes s’appuyant sur les données probantes et celles s’appuyant sur
autre chose. Certes, cela ne va pas dans le sens des adeptes du constructivisme
qui préfèrent jeter l’opprobre sur tout ce qui est transmissif au nom de vertus
humanitaires visant à un supposé épanouissement de l’enfant. Et qui sont bien
mal à l’aise quand il s’agit d’expliquer leurs choix et d'en prouver leur bien-fondé. Les mêmes qui s’offusquent lorsqu’on leur reproche de baser
leurs pratiques sur des choix idéologiques.
En
résumé, voici comment on devrait considérer les choses (tableau non exhaustif,
la recherche étant toujours en cours).
On
constate alors dans cette perspective inédite, que la question d’un
enseignement transmissif ou non transmissif devient secondaire et l’on recentre
l’intérêt des méthodes pédagogiques sur leurs efficacités respectives, validées ou non par
la recherche.
Nul doute
que cette façon de présenter les choses ne plaira pas à tous ceux qui rejettent
l’idée des données probantes en éducation. Mais tous ceux qui, au contraire,
s’en revendiquent, doivent cesser de se couler dans la dichotomie
Transmissif/Non transmissif et mettre en avant ce qui fait leur force :
les données probantes.
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