Que
se passe t-il ? Le Café Pédagogique publie un coup de gueule de Franck Ramus qui s’insurge
contre le mépris des données probantes dans l’enseignement. Il s’agit d’une
réponse à Rémi Brissiaud lequel mettait en doute le lien entre sciences
cognitives et pédagogie tel que l’avait présenté Stanislas Dehaene. L’événement est de
taille pour un site qui depuis des lustres se fait le chantre du constructivisme
et le détracteur des données probantes.
Mais
ne boudons pas notre plaisir. Je vous conseille cette saine lecture qui dit par
exemple :
"Mais quelle légitimité peut-il encore y avoir à défendre des méthodes que l'on s'abstient obstinément, année après année, d'évaluer et de comparer rigoureusement avec d'autres méthodes ?"
"Combien d’années de plus faudra-t-il attendre
pour que la méthode Freinet (et les principales autres utilisées en France)
soient évaluées ?"
"A ne pas vouloir mener les recherches
expérimentales permettant de tester rigoureusement l'efficacité des pratiques,
on laisse les enseignants démunis, à la merci des modes, des idéologies et des
arguments d'autorité, avec pour seul recours de tâtonner… "
Une
voix française se fait enfin entendre pour revendiquer une place aux données permettant
d’attester de l’efficacité ou de la non efficacité de telle ou telle méthode.
Alors
que dans le vaste monde de l’éducation, c’est-à-dire hors de nos frontières
gauloises, ces données existent et que des centaines d’études ont déjà été menées
depuis les années 60. Nous n’avons même pas l’excuse de la langue puisque nos
cousins canadiens chercheurs en éducation clament eux aussi depuis fort longtemps l’urgente
nécessité de recourir aux données probantes afin que ne sévissent plus dans
les classes des méthodes pédagogiques inefficaces. Bref, si le rapport à
l’efficacité à partir de données tangibles ne parvient pas à franchir les
frontières de notre pays, cela est forcément voulu et je rejoins Franck Ramus
quand il déplore que « cette attitude soit soutenue au plus haut niveau de
l’Éducation Nationale ».
Il
faut absolument faire entrer les données probantes en enseignement et en
pédagogie ; on ne pourra pas faire l’autruche indéfiniment et le réel est
en train de nous rattraper à grande vitesse. Les méthodes « freinetisantes »
n’ont aucune légitimité sur le plan des résultats ; on sait
maintenant qu’un enseignement guidé et explicite est plus efficace que les
pratiques de découverte mais on sait aussi pourquoi.
Malgré tout, cela n’empêche pas les autorités de conseiller ce genre de
pratique.
Il
y a en France dans les milieux autorisés, un conservatisme pathologique empêchant
toute remise en question et freinant des quatre fers quand l’approche idéologique
de la pédagogie se voit menacée par une approche scientifique et rationnelle. Ce
sera une tâche énorme de faire changer ce type de mentalités mais c’est un
passage obligé si l’on veut se situer dans une approche centrée sur l’efficacité.
Espérons que la voix de Frank Ramus y contribuera.
Pour
en savoir plus sur la question voici une liste de liens :
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