Steve
Masson, professeur à la Faculté des sciences de l’éducation du Québec à
Montréal, propose ici dans une brève intervention un moyen pour enfin éradiquer
les neuromythes chez les enseignants : un cours de neuro-éducation.
Les
neuromythes, que l’on appelle aussi légendes pédagogiques, sont maintenant bien
connus, mais restent très présents dans le monde enseignant. Steve Masson
précise qu’une importante majorité d’enseignants y croient ; ainsi au
Royaume Uni et aux Pays-Bas, plus de 90 % des enseignants adhèrent à la théorie
des styles d’apprentissage. Et ce, en dépit des preuves empiriques montrant qu’enseigner
selon les modes de chacun (visuel, auditif, kinesthésique) n’améliore en rien
les apprentissages. Il y a consensus chez les scientifiques.
On
pourrait ajouter que si la plupart des enseignants y croient, c’est car on les
a encouragés à le faire, en tout cas on ne les en a pas dissuadés. Nombre de conseillers pédagogiques, qui pourtant pourraient se révéler très utiles aux enseignants
débutants, participent activement à la mise en œuvre dans les classes de
méthodes contre-productives d’une manière générale en diffusant ces croyances.
Les
neuromythes les plus courants sont : les
styles d’apprentissages – cerveau droit / cerveau gauche – on n’utilise
que 10 % de son cerveau – les périodes d’apprentissage critiques - Brain gym
La
recherche sur le cerveau a rapidement progressé au cours des 15 dernières
années ; l’enseignant doit en être informé. On ne peut plus enseigner sans
tenir compte de ces avancées, qui mettent en évidence le lien maintenant entre les
découvertes et les actions pédagogiques. Ce serait comme
si le médecin d’aujourd’hui continuait à pratiquer les saignées pour purifier
les mauvaises humeurs.
Il faut retenir 3 découvertes très importantes :
Il faut retenir 3 découvertes très importantes :
- · Grâce à l’imagerie cérébrale on a observé que l’apprentissage change le cerveau, les connections entre les neurones diffèrent après l’apprentissage.
- · La structure du cerveau influence l’apprentissage ; connaître cette structure, c’est connaître les contraintes biologiques inhérentes à l’apprentissage.
- · La façon d’enseigner a un impact sur le cerveau. Par exemple on a montré que l’enseignement de la lecture, selon qu’il est global ou syllabique, implique des fonctionnements différents du cerveau. Ce qui dit toute l’importance et la responsabilité du travail de l’enseignant.
L’enseignant
d’aujourd’hui, doit savoir ces choses-là. C’est pourquoi Steve Masson propose
ce nouveau champ disciplinaire, la neuro-éducation, destiné d’une part à
détruire les neuromythes en circulation mais aussi à faire comprendre le
fonctionnement du cerveau des élèves afin que les actions pédagogiques des
enseignants soient encore plus efficaces.
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Bien
sûr, cela ne se passe pas chez nous. Ici en France, nous faisons comme si de
rien n’était et quand quelqu’un suggère d’introduire la formation aux données
probantes ou la neuro-éducation dans la formation, on pousse de hauts cris,
avec pour seul argument que « les élèves ne sont pas des rats de
laboratoire ». Cela s’inscrit dans un courant pédagogique qui refuse toute
forme de donnée probante propre à améliorer l’efficacité des enseignants, préférant
encore et toujours les motivations idéologiques, négligeant à dessein la
transmission des savoirs de base, confondant allègrement la fin et les moyens.
Mais ceci est une autre histoire…
Sur les mythes pédagogiques, voir ici.
Sur les données probantes, voir ici.
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