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vendredi 13 mars 2015

Siefried Engelmann et le Direct Instruction

Siegfried Engelmann est à l’origine du courant pédagogique appelé Direct Instruction.
Zig2
Au début des années 60, S.Engelmann travaillait dans la publicité : il essayait de définir les actions propres à susciter la rétention d’information. C’est donc par le biais des stratégies de marketing qu’il en est venu, avec le succès que l’on connaît, au monde éducatif. Voilà un parcours pour le moins atypique et dont l’originalité n’a sans doute pas facilité les choses. Dans le monde éducatif, la parole de ceux qui ne sont pas nés dans le sérail est moins crédible, même si elle s’inscrit dans l’efficacité.

Son travail sur les stratégies de marketing le conduisit à développer des techniques d’enseignement à destination des enfants, que, dans un premier temps il utilisa pour ses deux fils. Ce sont ces premières expériences familiales qui lui donnèrent l’envie d’aller plus loin et le menèrent, quelques années plus tard, aux programmes et techniques du Direct Instruction. Il était alors conscient du lien étroit entre ce que ses fils avaient appris et la manière dont il les avait enseignés. En 1964, il quitta sa carrière dans la publicité pour devenir chercheur associé à l’Institute for Research on Exceptional Children, University, Champaign-Urbana, où il collabora avec le chercheur Carl Bereiter. Très vite, ils inaugurèrent l’école maternelle Bereiter Engelmann, dans laquelle ils utilisaient et testaient leurs techniques pédagogiques auprès d’enfants défavorisés. L’idée fondamentale de Engelmann se confirmait de jour en jour : pour lui, si l’élève ne réussit pas à apprendre, ce n’est pas de sa faute, mais plutôt celle de l’enseignement qu’il a reçu.

Tout au long des années 60, S.Engelmann a poursuivi son travail sur la quête d’efficacité des techniques pédagogiques et des programmes afin de mieux comprendre comment les enfants de milieux et de niveaux variés apprenaient. Il a conçu toutes ses expérimentations pour  trouver  la manière la plus efficace d’enseigner et pour adapter cet enseignement à tous les enfants, quels que soient leurs milieux sociaux d’origine. Son approche est scientifique, il analyse chaque variable d’enseignement pour déterminer les meilleures approches. En 1970, il devint professeur à l’institut de formation des enseignants, Université de l’Oregon, à Eugene.

En plus de son travail de terrain, S.Engelmann a compilé ses idées dans de nombreux articles et une vingtaine d’ouvrages. La somme de son travail se trouve dans un ouvrage rédigé avec Douglas Carnine, Theory of Instruction, dans laquelle les deux chercheurs résument les bases théoriques de la pédagogie du Direct Instruction.

Parmi ses observations, celles concernant la langue ; il a observé que les élèves défavorisés présentaient tous un déficit langagier par rapport à leurs pairs, lequel était à l’origine de leurs échecs scolaires et à des difficultés en lecture. Il s’est alors tourné vers le développement de la langue et les habiletés de lecture. Cela a accrédité sa thèse selon laquelle l’acquisition de connaissances et le développement d’habiletés dépendent d’un enseignement approprié ajusté au niveau réel de l’enfant. Pour lui, l’enseignant doit être capable de reconnaître et comprendre les habiletés de l’élève, d’en déduire le type d’enseignement dont il a besoin.

Le Direct Instruction fut conçu pour optimiser l’efficacité de l’enseignement, et en même temps, avoir une bonne connaissance du niveau véritable des élèves ; cela devait permettre de dispenser un enseignement adéquat afin que les élèves ne soient plus dépassés ni découragés face à la réussite de leurs pairs. Voilà un aspect du Direct Instruction qui est souvent passé sous silence, à tort. C’est l’influence notable qu’il a sur l’estime de soi et la réconciliation avec l’école. Ce fut d’ailleurs l’un des points évalués dans le projet Follow Through : le Direct Instruction eut les meilleures performances sur l’estime de soi. Alors qu’il y avait en lice des méthodes dont l’estime de soi était l’objectif principal.

Pour S.Engelmann, on l’aura compris, la maîtrise des habiletés est un passage obligé pour avancer dans les études. Elle est garantie par le groupement des élèves par niveaux et en petits groupes. Il n’y a pas de classes hétérogènes. À l’origine, S. Engelmann avait le souci des élèves à risques. Il voulait leur permettre d’apprendre plus en moins de temps, ce qui devait les conduire à avoir rattrapé leur retard en fin de scolarité élémentaire.

Le succès du Direct Instruction dépend de 3 éléments : l’affectation des élèves dans des classes tenant compte de leur niveau véritable,  l’utilisation d’un programme scolaire approprié, un enseignement adéquat de la part des enseignants. La philosophie éducative d’Engelmann et les recherches sur les jeunes enfants ont conduit au développement de DISTAR (Direct Instruction System for Teaching Arithmetic and Reading)entre 1968 et 1970 qui a fait l’objet par la suite de plusieurs évolutions.

Enfin, on ne peut pas évoquer S.Engelmann sans parler du projet Follow Through, la plus vaste expérience éducative jamais conduite aux Etats-Unis, destinée à évaluer les efficacités respectives de plusieurs méthodes pédagogiques. Par un heureux concours de circonstances, le Direct Instruction y participa et utilisa les programmes DISTAR. L’outsider se révéla sortir gagnant de cette gigantesque opération ; son efficacité était patente, tant au niveau des acquisitions, qu’à celui du raisonnement et celui de l’estime de soi. Des résultats criants mais qui finalement seront maintenus sous le boisseau par l’establishment éducatif.

S.Engelmann, même s’il n’enseigne plus aujourd’hui est encore très actif, il préside le NIFDI (National Institute for Direct Instruction) et continue de dispenser ses conseils et ses enseignements.

Pour en savoir plus, consultez son site personnel Siegfried Engelmann and Direct Instruction ou alors lisez ce passionnant témoignage Teaching Needy Kids in our Backwards System dans lequel il narre 42 années de batailles acharnées pour tenter d’améliorer un système éducatif en perdition, le tout dans le contexte social de l’Amérique des années 60 et 70.

Mais vous trouverez aussi sur Form@PEx, de nombreux autres articles, vidéos, entretiens. Voir ici



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