Vous aurez sans doute remarqué que
certaines personnes ont maintenant l’habitude, à l’occasion des vœux de nouvel
an, de joindre un petit résumé de leur année écoulée. Que chacun se rassure je
ne vais pas vous faire l’inventaire de mes exploits personnels pour l’année
2014 ! Je vous livre simplement quelques extraits des billets les plus
consultés en 2014. N’hésitez pas à cliquer dessus si vous voulez vous rafraîchir la
mémoire.
L’Enseignement
Explicite, faute de faire partie des outils institutionnels d’enseignement, est
souvent victime de méconnaissance, d’interprétations erronées, y compris même
par certains qui s’en revendiquent. Ainsi, j’ai trouvé au fil de mes visites
sur Internet un diaporama de présentation, d’auteur anonyme, qui confondait
joyeusement enseignement transmissif et enseignement traditionnel et qualifiait
par conséquent l’Enseignement Explicite de non transmissif. Ce méli-mélo propre
à dérouter quiconque voudrait en savoir plus, a eu au moins un intérêt :
celui de m’interpeller sur une description plus adéquate des choses.
En
général, le critère de distinction des méthodes pédagogiques est leur
spécificité, c’est-à-dire le type d’action menée par l’enseignant. Ainsi,
depuis des lustres, on a l’habitude de distinguer les méthodes transmissives (dites
aussi directes) qui transmettent directement les informations de celui qui sait
vers celui qui ne sait pas encore, et les méthodes indirectes supposées faire découvrir
celui qui ne sait pas encore. Ce faisant, on les différencie par leurs modes
d’action. Cette classification ne permet pas un choix très éclairé si on
s’arrête là. Exagérons un peu (à peine) : je vais choisir une méthode par
découverte car je me vois mieux dans le rôle d’un accompagnateur (guide by the side selon l’expression de
John Hattie) ; je vais choisir une méthode transmissive car j’ai envie de
dispenser un cours magistral.
D’où la
véritable question : pourquoi choisir telle ou telle méthode ?
Question légitime pour quiconque jouit d’une véritable et entière liberté
pédagogique. Il n’y a qu’une seule réponse possible à cette question :
pour son efficacité. C’est-à-dire pour les résultats induits. On ne peut pas,
dans une société avancée, prétendant former les citoyens éclairés de demain,
faire l’économie de la quête d’efficacité en matière éducative. Dès lors, les données
probantes deviennent incontournables. Par conséquent, plutôt que d’utiliser la
sempiternelle distinction transmissif/non transmissif (avec tous les
sous-entendus négatifs collés au transmissif) il serait plus juste de distinguer
les méthodes s’appuyant sur les données probantes et celles s’appuyant sur
autre chose. Certes, cela ne va pas dans le sens des adeptes du constructivisme
qui préfèrent jeter l’opprobre sur tout ce qui est transmissif au nom de vertus
humanitaires visant à un supposé épanouissement de l’enfant. Et qui sont bien
mal à l’aise quand il s’agit d’expliquer leurs choix et d'en prouver leur bien-fondé. Les mêmes qui s’offusquent lorsqu’on leur reproche de baser
leurs pratiques sur des choix idéologiques.
En
résumé, voici comment on devrait considérer les choses (tableau non exhaustif,
la recherche étant toujours en cours).
On
constate alors dans cette perspective inédite, que la question d’un
enseignement transmissif ou non transmissif devient secondaire et l’on recentre
l’intérêt des méthodes pédagogiques sur leurs efficacités respectives, validées ou non par
la recherche.
Nul doute
que cette façon de présenter les choses ne plaira pas à tous ceux qui rejettent
l’idée des données probantes en éducation. Mais tous ceux qui, au contraire,
s’en revendiquent, doivent cesser de se couler dans la dichotomie
Transmissif/Non transmissif et mettre en avant ce qui fait leur force :
les données probantes.
Les
travaux de Carol Dweck sur l’esprit dynamique et l’esprit statique sont
maintenant bien connus. Une
nouvelle étude a été menée récemment afin de déterminer l’impact des éloges
dans la constitution d’un esprit dynamique ; il en ressort que tous les éloges ne se valent pas et que
parfois, certains encouragements peuvent aboutir à l’effet inverse de celui souhaité.
L’expérience portait sur plus
de 400 élèves de CM2, d’horizons variés. On a donné à chacun divers exercices,
tirés de tests de quotient intellectuel. À la fin du test n°1, les élèves ont
été complimentés de deux manières. Le premier groupe, appelons-le I, a été félicité sur son intelligence : « Vous
avez bien répondu, vous êtes doués sur le sujet ». Le deuxième groupe,
appelons-le E, a été félicité sur les efforts produits : « Vous avez
bien répondu, vous avez travaillé dur pour parvenir à ce résultat. »
L’impact de ces deux manières de féliciter est très important.
Puis, pour l’épreuve
suivante, chaque élève a eu un choix à faire : choisir entre un test plus
difficile, mais qui serait pour eux l’occasion d’apprendre plus et de
progresser, ou alors un test semblable au précédent, qu’ils réussiraient sans
aucun doute. Dans le groupe I (groupe
félicité sur son intelligence), 67% ont choisi la version facile. Dans l’autre groupe,
92% ont choisi le test plus difficile.
Voici, en substance
l’explication de Carol Dweck. Selon elle, l’enfant, comme l’adulte, se dit :
« Vous pensez que je suis brillant, c’est pourquoi vous m’admirez et
que j’ai, à vos yeux, une certaine valeur. Par conséquent, je n’ai pas intérêt
à faire quoi que ce soit qui puisse briser cette appréciation positive ». C’est ainsi que les enfants construisent
un esprit statique et qu’ils limitent le développement de leurs talents. Par
contre, si l’on insiste sur les stratégies mises en œuvre, sur les manières d’aller
plus loin, de faire face à des tâches difficiles, alors on est dans un
processus de développement et de progrès. Les enfants comprendront qu’une
erreur de leur part ne sera pas imputée à un manque de talent ou d’intelligence.
Ils auront compris que s’ils ne relèvent pas des défis en se frottant à des
tâches de plus en plus difficiles, ils ne progresseront pas, ils ne grandiront
pas. »
Dans la 3ème
étape de l’expérience, on a donné aux élèves un test vraiment très difficile,
pratiquement infaisable. On voulait connaître la façon de réagir des deux
groupes face à une importante difficulté. Le groupe E (ayant été félicité sur
ses efforts) a été capable de travailler plus dur et plus longtemps sur la question
et a pris plaisir à l’expérience. L’autre groupe, ayant été félicité sur son
intelligence, a été frustré par l’exercice et a abandonné beaucoup plus vite.
Le 4ème test
était du même niveau que le premier, à savoir très facile. Les élèves du groupe I ont eu de moins bons résultats qu’au
premier test, marquant une baisse de 20%. Le groupe E, au contraire, s’est
amélioré d’environ 30%, soit un écart entre les deux groupes de 50%.
Voilà une expérience
montrant comment l’éloge peut encourager ou limiter le développement d’un
enfant sur le plan des apprentissages. Tous les adultes qu’ils soient
enseignants, parents, éducateurs ont compris l’importance des éloges mais tous
ne savent pas que certains types d’éloges peuvent se révéler contre-productifs.
Il me paraît urgent que ce
genre de conclusions soient connues du plus grand nombre, et en particulier des
enseignants. Malheureusement, l’idéologie constructiviste, dominante dans les
classes, constitue une grande force de résistance à des idées telles que les
efforts et une pratique abondante. Elle laisse croire aux enfants par exemple,
qu’ils apprendront mieux en jouant, ou que tous peuvent sans effort parvenir à
des résultats, ou encore qu’avant même de posséder les bases, tous peuvent
devenir des experts etc… Elle n’a pas de mal à persuader les élèves en
édulcorant les évaluations, ou en les supprimant. Dans cette forme pédagogique,
pas de défi véritable, mais une mise en contact immédiate avec la complexité
sans que l’élève ne possède les moyens de l’affronter. Voilà qui laisse de côté
bien des élèves et les conforte dans la piètre opinion qu’ils ont d’eux-mêmes. Tous
les ingrédients sont là pour que les élèves acquièrent un esprit statique.
Phénomène encore aggravé dans les familles où l’éducation consiste à
surprotéger les enfants, à aplanir pour eux toute éventuelle difficulté et à
faire en sorte qu’ils ne connaissent aucune frustration.
À l’école, l’Enseignement
Explicite sort du lot commun car sa démarche intègre l’acquisition de l’esprit
dynamique. Il complimente systématiquement et abondamment sur les efforts
fournis et sur les stratégies utilisées. Il donne à tous les élèves l’envie et les
moyens de faire les efforts ; il leur permet de maîtriser les stratégies
par un enseignement explicite, progressif qui ne laisse rien dans l’ombre. Les
élèves réalisent alors que les résultats sont à la portée de tous, car les
efforts le sont aussi ; il n’y a pas d’un côté les élèves nantis par la
nature d’une intelligence supérieure et de l’autre les autres.
L’esprit dynamique est l’une
des clés, et non des moindres, des apprentissages réussis, et au-delà, d’un parcours de vie réussi. L’école est le
lieu rêvé pour qu’il s’y développe. Mais encore faudrait-il que les moyens
soient mis en œuvre pour cela, à commencer par des méthodes pédagogiques
propres à le susciter. De toute évidence, les réformes qui se préparent, une
fois de plus, vont dans une direction opposée.
Je
me propose de résumer une courte vidéo extrêmement limpide sur l’enseignement
basé sur les données probantes (ou preuves). Cela permettra je l’espère de
lever quelques ambiguïtés pour celles et ceux que cette approche effraie. Elle
est issue du site britannique
http://www.evidencebasedteaching.co.uk/
Pour
commencer, voyons ce qu’elle n’est pas. L’enseignement basé sur les données
probantes ne signifie pas que vous, enseignant, allez faire une
expérimentation, ni que vous devrez recueillir des données pour pouvoir ensuite
les utiliser dans votre enseignement.
En
dehors du champ éducatif, la notion de preuve nous est familière, dans la
police, dans l’ingénierie. Mais aussi en médecine, depuis une centaine
d’années ; personne ne souhaiterait consommer des médicaments n’ayant pas
été testés au préalable.
1.L’enseignement
dispensé dans les classes aujourd’hui est-il basé sur les données probantes ?
Dans
les classes conduites par des enseignants efficaces, beaucoup d’actions sont en
accord avec les données probantes. Même si les enseignants n’en ont pas
conscience. Le problème se présente quand on demande aux enseignants d’utiliser
telle ou telle méthode. Beaucoup de décisions gouvernementales ne sont
soutenues par aucune preuve ou très peu. Il serait bien plus efficace de former
les enseignants à l’utilisation des données probantes dans leur enseignement.
2.Les
neuromythes
Une
étude de l’OCDE, intitulée Comprendre le
cerveau : la naissance d’une science de l’apprentissage a identifié des
neuromythes : ce sont des idées fausses relatives au fonctionnement du cerveau
et non soutenues par des preuves. En voici quelques-unes :
• Cerveau
droit /cerveau gauche avec des dominantes gauche ou droite selon les
individus. Bien sûr, le cerveau a deux hémisphères mais ils sont reliés entre
eux par des milliers de connexions. Dans chaque tâche, nous utilisons diverses
parties de notre cerveau dans les deux hémisphères.
• Les
styles d’apprentissage (ou styles cognitifs). Nous avons tous une
dominante : nous sommes plutôt visuels, ou auditifs ou kinesthésique.
Néanmoins, il a été montré qu’enseigner selon le style dominant n’améliore en
rien les apprentissages. C’est donc une contre-vérité.
• Nous
n’utilisons que 10 % de notre cerveau. Cela est entièrement faux ; les
preuves montrent pratiquement le contraire. Quand les gens maîtrisent une
habileté, ils utilisent moins leur
cerveau.
• La
gymnastique du cerveau : certains exercices stimuleraient des parties du
cerveau que les autres activités ne permettent pas. Les données montrent que
cela n’a aucun effet.
Dans
ce climat de flou et de contre-vérités, l’université de York a créé l’institut
pour un enseignement efficace (Institute for Effective Education). L’objectif
est que les enseignants et les décideurs puissent avoir un accès facilité à la
recherche et une entière confiance dans sa fiabilité. Utiliser les données
probantes devrait être aussi important dans l’enseignement que ça l’est en
médecine. Derrière cette initiative, se trouve Estelle Morris (ministre de l’Éducation
britannique, l’une des rares à ce poste à avoir été enseignante) ; elle
souhaite transformer la relation entre les chercheurs, les enseignants et les
décideurs afin que l’enseignement s’appuie sur des preuves et non plus sur des
opinions, ou des modes.
3.National
Center for Evidence in Education
Un
institut nommé NICE (National Institute for Health and Clinical Excellence)
assimile les données pour les rendre accessibles aux médecins. En effet,
ceux-ci n’ont pas le temps d’étudier toutes les recherches publiées dans le
monde. Il faudrait l’équivalent pour l’enseignement. Ce serait très utile
d’avoir une publication facile d’accès, que les enseignants pourraient consulter
pour connaître les données probantes, afin de pouvoir les appliquer directement
en classe. Ils n’ont pas le temps d’aller chercher toutes les recherches
publiées. L’Institut pour l’enseignement efficace explore cette idée d’un
National Evidence Center, c’est un travail en cours actuellement.
4.Les données
relatives aux expériences menées dans les classes.
On
peut tout d’abord voir comment s’y prennent les excellents enseignants.
On
peut mener des expériences en classe avec des groupes de contrôle.
On
étudie ce que nous disent les neurosciences.
Tout
cela propose un certain nombre de données fiables. Des milliers d’expériences sont menées à
travers le monde mais la plupart sont cachées dans des publications
universitaires. Une façon de rassembler toutes ces informations est de se
pencher sur les méta-études qui combinent les résultats de nombreuses études.
Comment fonctionne une méta-étude ? Imaginons 4 (mais ça pourrait aussi
bien être 40 ou 400) techniques pédagogiques à étudier. L’équipe va d’abord
étudier la structure de l’étude ; y avait-il un groupe de contrôle, y
avait-il assez d’élèves, le temps de l’étude était-il suffisant ? Si la
qualité de ces facteurs n’est pas bonne, l’étude en question sera éliminée de
la méta-étude. Ne seront conservées que les études de bonne qualité. Pour les
enseignants, cela signifie qu’ils auront beaucoup moins à lire et plus de
preuves fiables.
Voici
quelques chiffres pour se faire une idée. Prenons l’exemple de l’apprentissage
coopératif : plus de 300 études, plus de 24000 participants ont été
utilisés. Avec des études de cette ampleur nous pouvons avoir toute confiance
dans la fiabilité des résultats.
Où
trouver ces informations ? Des
ouvrages tels que : Geoff Petty, Evidence Based Teaching ; John
Hattie, Visible Learning ; Robert Marzano, Classroom Instruction that
Works et bien d’autres.Celui-ci suggère 10 éléments
fiables pour utiliser les données probantes en classe. Chacune de ces méthodes
a un impact effectif sur les résultats.
5.Que disent
les preuves tirées des neuro sciences ?
Ce
sont des connaissances nouvelles qui datent des années 90, époque où l’on a
inventé de nouveaux procédés pour explorer le cerveau. Avec ces machines
nouvelles on peut voir quelles zones du cerveau sont actives, ce que l’on ne
pouvait pas voir auparavant. À l’heure actuelle, les résultats sont plus
accessibles aux enseignants grâce à des publications telles que : David
Sousa, How the Brain Learns ; Sarah-Jayne Blakemore & Utah
Frith ; The Learning Brain,
lessons for education ; Patricia Wolfe, Brain Matters ; John
Geake The Brain at School …
Que
nous enseignent les neurosciences ? Le cerveau comprend des zones
spécialisées, il n’y a pas une zone de l’intelligence. Si nous améliorons les
habiletés du cerveau nous améliorons l’intelligence.
La
mémoire se forme quand des cellules sont liées entre elles ; par
conséquent on ne peut pas apprendre quelque chose sans la relier à une autre
que nous connaissons déjà.(sauf dans l’apprentissage par cœur) les liens sont
importants pour que la compréhension s’opère.
Les
conclusions des neurosciences vont-elles dans le même sens que les données
observées en classe ? Prenons un exemple dans les 10 éléments cités par
R.Marzano : en n°5 apparaissent les méthodes graphiques. Les expériences
en classe montrent que cela est très efficace. Si l’on questionne les neurosciences
sur le sujet, elles répondent que le cerveau possède un très grand cortex
visuel, spécialisé dans le traitement des images. Si nous l’utilisons, cela
permet d’améliorer les apprentissages.
Par
conséquent, nous sommes en présence de deux types de preuves (expérimentales et
neuroscientifiques) dans lesquelles nous pouvons avoir une totale confiance.
6.Comment
utiliser ces données en classe ?
L’avantage
dans les données probantes, c’est que l’enseignant garde le contrôle. C’est
l’accès aux preuves qui donne aux médecins leur pouvoir. C’est la base du professionnalisme.
Ce n’est pas une série d’injonctions. Comment faire ? Pour les enseignants, il
n’est pas nécessaire d’attendre la permission de qui que ce soit, chacun peut utiliser
ces méthodes immédiatement. Ils peuvent aussi demander des formations dans leurs
écoles ou collèges. Et surtout, ils peuvent mettre en doute des injonctions qui
ne sont pas soutenues par les preuves. Bien sûr, l’idéal serait d’être soutenu
par le ministère. Comment ? Les politiques éducatives devraient proposer
exclusivement des méthodes ayant été testées. Pour cela, il serait utile de mettre
en place un Centre National des données probantes auquel nous pourrions faire
appel pour des conseils. Cela signifierait que les enseignants seraient
désormais traités comme des professionnels. Il faudrait également créer une
qualification basée sur les données et créer des experts en la matière. La
formation devrait occuper une place importante. De la même manière que nous
n’utilisons pas des médicaments n’ayant pas été testés, nous ne devrions pas
utiliser de méthodes pédagogiques n’ayant pas été testées.
Depuis quelques temps, on ne
parle plus que de cela dans le microcosme éducatif. L’école en général, et les
enseignants en particulier, doivent faire montre de bienveillance envers les
élèves.
Déjà, le rapport de
concertation sur la refondation de l’été 2012 y faisait largement allusion.
Lorsque vous faites une recherche sur le portail officiel Eduscol, la
bienveillance est partout, vous y trouvez pêle-mêle : le guide de l’école bienveillante, la
bienveillance par l’innovation, l’évaluation bienveillante, l’aide
personnalisée bienveillante, la coopération bienveillante, la prise en charge
inter-catégorielle différenciée et bienveillante, le travail collaboratif et
bienveillant, la classe comme lieu de bienveillance et de construction des
connaissances, la communication bienveillante, la parole vraie d’intention
bienveillante, le climat bienveillant, l’esprit de bienveillance, l’écoute
bienveillante, l’équipe bienveillante, la prise en charge bienveillante, la
curiosité bienveillante, la « culture » de bienveillance, la férule
bienveillante (il fallait oser !), la posture bienveillante, l’autorité
bienveillante, l’accueil bienveillant, le regard bienveillant, la houlette
bienveillante … J’arrête là cet inventaire, il y en a tout autant sur
Edusphère. Le lecteur avisé aura compris que l’école du futur sera
bienveillante ou ne sera pas. Nous assistons en direct à la naissance d’un courant pédagogique nommé « bienveillantisme ».
En filigrane, cette lourde
insistance illustre un reproche à l’endroit des enseignants, qui de toute évidence manquent
cruellement de cette vertu cardinale, devenue à la mode. Que celui qui a des
oreilles entende : les professeurs seraient d’abominables autocrates,
dépourvus d’empathie, sévères, injustes, cruels, se complaisant à rabaisser
leurs élèves, les accablant de mauvaises notes non méritées, se moquant d’eux à
l’envi… L’impopularité avérée des enseignants dans la société n’avait vraiment
pas besoin de ce nouveau coup.
Disposition généreuse à
l’égard de l’humanité. C’est ainsi que l’on définit le mot bienveillance. Il
s’agit donc d’une qualité humaine louable. Il n’est pas question ici d’affirmer
que cette vertu n’a pas sa place dans l’enseignement. Il s’agit simplement de
dénoncer la mise en avant unique de cette vertu humaniste comme solution
nouvelle aux résultats catastrophiques de l’école française et l’utilisation
d’un raisonnement une fois de plus fallacieux que l’on pourrait résumer
ainsi : l’absence de résultats à l’école trouve son origine dans le
manque de bienveillance des enseignants ;
si les élèves échouent c’est car leurs enseignants sont mal disposés
envers eux, leur octroient de mauvaises notes, les moquent, les rabaissent.
C’est une contre-vérité énorme et dangereuse car elle plaît à l’opinion. Faute
de vouloir se pencher honnêtement sur les raisons de l’échec de l’école (les
méthodes pédagogiques inefficaces), les éducrates font d’une pierre deux
coups : ils se dédouanent de toute responsabilité (les enseignants sont
malveillants) tout en restant dans leur champ idéologique qui consiste à
occulter le réel. Par exemple, supprimons les notes ou les évaluations
négatives : l’institution est ravie car les statistiques internes vont
monter, tout en s’octroyant les lauriers de l’humanisme. On pourra nous dire
dans quelques temps : vous voyez, depuis que l’école est devenue
bienveillante (bonnes notes à tout le monde) les résultats ont grimpé. Restera
tout de même l’épineuse question des comparaisons internationales ; une
solution à mon sens porteuse serait de ne plus y participer.
Mais puisque la question de
la bienveillance est à l’ordre du jour, saisissons l'opportunité pour dépasser
les poncifs ci-dessus parés d’un humanisme de surface ; il est vrai que la
bienveillance manque cruellement dans l’Éducation Nationale mais pas de la
façon que l’on nous décrit. Considérons les enseignants: ils sont le niveau
zéro de la hiérarchie de cette usine à gaz, considérés comme de vils exécutants
et qui pourtant tout au long des réformes qui disent la doxa, continuent contre
vents et marées à tenir les classes, les élèves, leurs parents. Qui chaque jour
doivent affronter solitude, désarroi, agressions, découragement, manque de
moyens devant des classes de plus en plus difficiles, des parents d’élèves de
plus en plus intrusifs. Tout cela pour une reconnaissance sociale nulle et un
salaire se réduisant comme peau de chagrin, parmi les plus bas en Europe. Où
est la bienveillance dans cela ?
Considérons maintenant les
élèves. Notre système est malveillant envers eux, non en raison de la
méchanceté des enseignants, mais simplement parce que l’école ne parvient pas à
les instruire tous. Notre système est malveillant envers les élèves parce qu’il
ne leur permet pas de bénéficier de méthodes pédagogiques efficaces. Notre
système est malveillant envers les élèves issus de classes sociales
défavorisées car il les laisse de côté et refuse de prendre en compte les
quantités de données probantes qui permettraient à leurs enseignants de les
faire réussir. Non, la bienveillance ne consiste pas à faire croire aux élèves
et à leurs parents qu’ils ont réussi quand c’est faux. Elle consiste à les
faire véritablement réussir. Cela impliquerait une véritable et profonde remise
en question des méthodes pédagogiques officielles, ainsi que le choix audacieux de
s’appuyer sur les données probantes, plutôt que sur des considérations idéologiques devenues aujourd'hui obsolètes.
Oui, je suis d’accord pour
parler de bienveillance à l’école, mais honnêtement et sans se voiler la face.
L’école échoue depuis des années mais ce n’est pas à cause des enseignants.
Elle échoue à instruire les élèves car elle échoue à former des enseignants
efficaces et à leur donner les moyens de travailler correctement. L’enseignant
est sans cesse culpabilisé, infantilisé et accusé de tous les maux ; il
serait temps que les véritables décideurs assument enfin leurs responsabilités,
et s’ils sont véritablement convaincus du rôle de l’école publique dans la
société, prennent enfin des décisions allant dans le bon sens.
Dès
qu’un problème de société surgit, le réflexe premier de nos dirigeants est de
faire appel à l’école : violence, racisme, homophobie, accidents de la
circulation, addictions, obésité…La liste n’est pas exhaustive et risque encore
de s’agrandir, au vu des nombreux problèmes sociétaux qui apparaissent jour
après jour. Nul ne peut douter des louables intentions qui motivent cet
élargissement des buts assignés à l’école. La semaine dernière encore, le
journal télévisé faisait un grand reportage sur ces élèves qui arrivent à l’école
le ventre vide. Solution : certaines écoles bienveillantes organisent des
petits déjeuners. Un spécialiste du cerveau était même convoqué pour expliquer
les besoins du cerveau en sucre pour la concentration en classe. Curieusement,
rien sur la responsabilité des parents ; pourtant, il y aurait de quoi faire un
reportage ; quand des parents ne sont pas en mesure de fournir un petit
déjeuner à leurs enfants avant de partir à l’école, qu’en sera-t-il de leur éducation
sur le long terme et donc de leur avenir ? Je précise qu’il ne s’agissait pas
dans le reportage de personnes démunies au point de ne pas pouvoir nourrir leurs
enfants, mais simplement de parents incapables de les obliger à manger.
Curieusement aussi, le reportage était muet sur les quantités de sucreries que
les enfants (les mêmes qui ne prennent pas de petit déjeuner) ingurgitent lors
des récréations. Pourquoi les écoles soucieuses de l’équilibre alimentaire des
élèves n’interdisent-elles pas les
sucreries des récréations ?
Nous
voyons donc augmenter sans cesse le nombre de tâches que nous devons réaliser
dans les classes. Le projet de socle commun définit 5
grands domaines de formation. Nous
avons bien noté qu’il ne s’agit plus de disciplines, ni d’enseignements. La
formation du citoyen relève du 3ème domaine, et vient avant la
compréhension du monde.
Certes,
cela n’est pas une nouveauté : c’est un fait que l’école minore
l’importance de l’instruction au profit de l’éducation. Mais les injonctions éducatives ont beau se multiplier, les résultats, eux se font
attendre, la violence persiste, ainsi
que le racisme, l’obésité, la mal nutrition… La kyrielle d’observatoires
consacrés aux divers problèmes n’a jamais mis en évidence aucune amélioration. Il
est singulier de persister de la sorte à donner des injonctions pédagogiques
sans se soucier des résultats ou plutôt de leur absence. Il est facile de
dire : il faut former le citoyen de demain, il faut donner aux élèves l’esprit critique et de jugement, en même temps que
le sentiment d’appartenance à une collectivité sans donner d’autre piste crédible
que la philo à l’école maternelle ou autres billevesées. Et tout en réduisant,
de fait, la place accordée à l’enseignement des disciplines et de la culture
générale. Plus on prétend former les personnes, plus les résultats s’éloignent
du modèle souhaité.
On
a changé les objectifs de l’école lorsqu’on est passé d’un but affiché
d’instruction à celui d’éducation et maintenant de formation des personnes. On s’est
imaginé que l’instruction était incompatible (voire même contre-productive)
avec la formation des individus et avec celle du citoyen éclairé ; comme
s’il existait une autre voie que celle de la connaissance pour former le
citoyen. C’est là que réside l’erreur. La formation du citoyen éclairé passe
par l’instruction, sans quoi, on obtient un être docile, malléable qu’il sera
facile d’endoctriner.
Dans
le chapitre Formation de l’individu,
il y a entre autres choses, la formation de l’esprit critique et l’estime de soi, traités spécifiquement, comme
si on pouvait y former ex nihilo, en dehors de toute connaissance. Il faut bien
admettre que ces deux éléments ne peuvent être enseignés isolément et
spécifiquement. Les expériences qui ont eu lieu aux États-Unis l’ont bien
montré : les cours d’esprit critique ou d’estime de soi se sont révélé des
fiascos ; Jean Twenge l’a très bien décrit dans ses travaux.
De la même manière, enseigner l’esprit critique ne peut se concevoir que dans
un champ disciplinaire, sans quoi cela revient à formater les esprits, à dire
le bien et le mal, en aucun cas à former un esprit libre. Voir les travaux
de Daniel Willingham sur la question.
Pour
les valeurs telles que la solidarité, l’ouverture aux autres, la tolérance, la
non-violence, il faudrait réaliser que
même si l’école, par son fonctionnement, véhicule ces valeurs-là, c’est la
famille qui représente la plus grande influence. Ces valeurs, même si elles
nous semblent universelles, ne sont pas partagées par toutes les familles ; dès lors, on
comprend mieux les difficultés de l’école pour atteindre le but fixé. Difficultés
alourdies par la nécessité d’agir « dans le respect de l’éducation donnée
par les familles» comme le précise le Socle commun. Comment transmettre par
exemple l’idée de non-violence et de respect de l’autre quand un parent d’élève
vient agresser verbalement ou physiquement l’enseignant à la sortie, devant les
élèves ? Il
en est de même pour des sujets comme l’obésité, la malnutrition, le tabagisme.
On peut certainement expliquer aux élèves pourquoi cela est mauvais et, dans le
meilleur des cas, réaliser une
sensibilisation au problème, mais il est mensonger de faire croire que l’école
à elle seule, est susceptible de changer les mentalités profondes et les
comportements des familles.
En
annonçant que désormais l’école va former l’individu et le futur citoyen, on
choisit de délaisser l’enseignement systématique et explicite des disciplines
et de la culture générale qui de fait, sont la base de l’esprit critique et du
jugement, tant souhaités pourtant par les textes officiels.
L’amenuisement
des champs disciplinaires au profit d’une transversalité que l’on nous dit miraculeuse
est à mettre en rapport avec cette information toute récente venue d’Outre-Manche.
Alors que notre futur Socle commun éclipse
l’enseignement disciplinaire et déclare que la langue « relève aussi de la
pratique de tous les autres enseignements et de la participation à la vie
scolaire», les Anglais, s’appuyant sur des données probantes, prennent
conscience qu’un enseignement explicite des règles grammaticales conduit à un
meilleur apprentissage et à une connaissance durable de la langue. La maîtrise
de la langue n’est-elle pas l’outil universel de la pensée ? Si seulement
cela pouvait inciter nos décideurs à réfléchir et à prendre contact avec la
réalité…
Les enseignants vont être, une
fois de plus, consultés et les élèves vaquer une demi-journée.Ce coup-ci, on doit se prononcer sur le Projet de socle commun de connaissances, de compétences et de culture.
Que diable, soyons fous et plutôt
que de collecter docilement des avis épars, que personne ne
lira, pourquoi ne pas se faire un petit plaisir et verser dans une réponse tout aussi amphigourique sur le même registre. Ceci par exemple :
« Compte tenu des attaques
dont la réforme est l’objet et la définition de la nouvelle citoyenneté en ce
début de XXIe siècle, il faut de toute urgence élargir l’horizon de tous les
partenaires éducatifs à la globalité des capacités et compétences les plus innovantes.
Par-delà les crispations anti-égalitaires et une nécessité de questionnement
qui implique l’hétérogénéité, on se doit de se positionner avec une mise en œuvre
se référant à l’accompagnement des réformes pour les jeunes acteurs-auteurs de
leur propre formation.
Pour enfin en terminer avec
l’archaïsme, et constatant la violence causée par l’école elle-même face au
défi des nouvelles technologies, il faut dans l’intérêt des nouveaux publics
exiger un référentiel obligatoire des transversalités de savoir-faire et
surtout de savoir-être.
Cela ne doit pas occulter le
contexte de l’individualisation des apprentissages ni la logique obligée des
handicaps socioculturels : il faut de toute urgence donner un espace à
l'ensemble des problématiques des interlocuteurs de proximité.Tant que durera une nécessité de
questionnement comme l’exprime la présente consultation, on ne pourra se passer
d'exiger la majorité des innovations par essence citoyennes. »
Parce que la pratique basée
sur les preuves (ou Evidence Based Practice) est encore largement ignorée chez
nous, voici quelques éléments permettant d’en mieux comprendre la teneur et
l’intérêt. Si cette idée a tant de mal à être admise dans le milieu éducatif
français, c’est car elle remet en question nombre de croyances si fermement
ancrées dans l’opinion.
Partons de la question
suivante : sur quoi repose la pratique professionnelle enseignante ? Sur
des croyances, sur une tradition, sur une pratique artisanale, sur une vocation ...
Croyances :
de la même manière que l’on croyait aux vertus thérapeutiques de la saignée, il
est admis que l’on doit adapter son enseignement au style cognitif de chaque
élève, ou bien que la mémorisation systématique de certains faits nuit à la
compréhension ou encore qu’il faut mettre
d’emblée les élèves devant des situations complexes afin qu’ils apprennent
mieux. Ce ne sont que des exemples parmi tant d’autres. Il s'agit d'un
méli-mélo de croyances sans lien avec le réel; elles constituent les
bases de la pratique enseignante.
Tradition :
la pratique doit se situer dans une continuité historique ; l’enseignant
reproduit la pratique à laquelle il a été confronté enfant et il l’adapte avec
plus ou moins de succès à son époque. On part du principe que les pratiques
d’autrefois étaient bonnes, et par conséquent elles doivent être perpétuées.
Artisanat :
l’enseignant est un artisan, il s’appuie sur un savoir-faire particulier, hors
d’un contexte généralisé. L’enseignant artisan a une pratique unique, la sienne,
qu’il a mise au point en observant ses maîtres. Il apprend en observant ses
collègues. Il reproduit les actions qu’on lui montre, il a une marge de
manœuvre limitée.
Apostolat :
On pourrait ajouter à cela « l’enseignant-curé », personne ayant reçu
une vocation à exercer ce métier, faite d’amour, d’abnégation, de dévouement.
Cette conception est parée de toutes les vertus humanistes et vise à rendre les
enfants heureux. Le salaire importe peu. Curieusement, elle persiste et même se
développe en des temps où les vertus de ce type ont tendance à disparaître.
Elle plaît au ministère, sans doute car elle fait passer au second plan les
revendications salariales.
Dans la pratique, on notera
la plupart du temps, un mélange de ces approches, au risque d’obtenir des
compositions assez saugrenues. On notera aussi que le principe de recherche
d’efficacité n’est pas dominant, même si chaque enseignant revendique
personnellement des résultats. On comprend mieux pourquoi
une pratique basée sur les preuves, utilisant les apports de la science serait
véritablement révolutionnaire.
Voyons un peu comment les
autres disciplines ont envisagé la question. Cela n’a pas été facile. Ainsi, Lister au
milieu du XIXème siècle, s’est fait le propagateur de l’antisepsie
en chirurgie. Mais il a fallu attendre une cinquantaine d’années avant que les
mesures d’hygiène qu’il préconisait soient effectivement mises en œuvre dans
les salles d’opération. En médecine, on date aux
années 90 l’apparition de la médecine basée sur les preuves. Elle est définie
ainsi : « utilisation
consciente, explicite et judicieuse des meilleures preuves pour la prise de
décision relative à la santé des patients ». (Sackett, 1996). Cette méthode s’est étendue à d’autres disciplines
comme la psychologie par exemple; les essais randomisés contrôlés sont devenus
le gold standard pour évaluer l’efficacité d’une intervention. Ce type d’étude
est très fiable. La formation professionnelle aux disciplines utilisant les
données probantes accorde une grande importance à la conception de la recherche
empirique.
L’adoption des données probantes est un signe de
maturité professionnelle, comme l’explique très clairement Douglas Carnine : « Une profession mature est caractérisée par
le remplacement des jugements d’experts individuels par ceux construits sur des
données quantifiées pouvant être inspectés par un vaste public ; moins
d’importance est accordée à la confiance personnelle et plus à l’objectivité ;
un plus grand rôle est accordé aux mesures standardisées et à des procédures
issues d’informations scientifiques utilisant des groupes de contrôle. »
(Carnine, 2000). Cela ne laisse aucune place aux décisions subjectives
individuelles ou à l’idéologie.Les domaines qui ont le plus
évolué récemment sont ceux qui utilisent les données probantes comme par
exemple la médecine, la technologie, les transports, l’agriculture.
En matière éducative, les États-Unis
et l’Australie semblent prêts à franchir le pas si on en croit les diverses
déclarations d’intention. Un édit fédéral américain de 2012 demande
officiellement de promouvoir l’utilisation de preuves rigoureuses pour la prise
de décision, les programmes administratifs et la planification nationale. En Australie, le
gouvernement a récemment demandé que dans toutes les écoles primaires, soient
utilisées des pratiques enseignantes s’appuyant sur des preuves rigoureuses
afin d’améliorer la littéracie. Comme il demande aussi à la formation des
enseignants d’inclure des modules de formation à l’enseignement basé sur les
données probantes. (Response to recommendations of the Dyslexia Working Party Report
‘Helping people with dyslexia: A national action agenda’ sep 2012).
Les approches basées sur les
preuves ont développé des revues systématiques de grande ampleur et des
méta-analyses, lesquelles permettent un accès facile à ce qui est efficace.C’est ainsi que ces études
ont démoli un certain nombre de croyances populaires comme par exemple :
Apprendre à lire est un acte naturel, comme
apprendre à parler.
Les enfants n’apprennent pas à lire afin
d’être capable de lire un livre ; ils apprennent à lire en lisant un
livre.
La lecture des parents à l’enfant suffit à la
susciter.
Les bons lecteurs ne lisent pas en détail,
ils lisent en diagonale.
Un bon lecteur fait des prédictions d’après
le contexte.
La précision n’est pas nécessaire pour une
bonne lecture.
L’orthographe s’acquiert simplement par
l’écriture.
Enfin, on ne peut pas
évoquer les pratiques basées sur les preuves sans mentionner les travaux
incontournables de John Hattie (2009), synthétisés dans son ouvrage Visible Learning : synthèse de plus
de 500 méta-analyses liées à la réussite et 50 000 études analysées. Il a
isolé 138 variables ayant une influence sur la réussite (voir ici ).
John Hattie a clairement mis
en évidence, le rôle de l’enseignant ; pour être efficace, celui-ci doit
se concevoir comme un « activateur » et non comme un
« facilitateur ». Le tableau suivant résume ses observations, la
deuxième colonne indique les effets de taille. La moyenne des effets est de 60
pour l’enseignant activateur et seulement de 17 pour l’enseignant
facilitateur.
Enseignant activateur
Enseignant facilitateur
ES
ES
Enseignement réciproque
Rétroaction
Enseigner aux élèves l’auto-verbalisation
Stratégies méta-cognitives
Direct Instruction
Enseignement de maîtrise
Défis, challenge
Effets d’évaluations fréquentes
Organisation comportementale
74
72
67
67
59
57
56
46
41
Simulations
et jeux
Enseignement
basé sur les enquêtes
Des
classes plus petites
Enseignement
personnalisé
Apprentissage
basé sur les problèmes
Enseignement
différent pour les filles et les garçons
Enseignement
basé sur Internet
Apprentissage
global de la lecture
Enseignement
inductif
32
31
21
20
15
12
09
06
06
ACTIVATEUR
60
FACILITATEUR
17
Tous les ingrédients sont réunis
pour que les données probantes fassent leur entrée dans le monde éducatif. Il
est rassurant qu’elles commencent à le faire dans certains pays, plus ouverts
et plus hardis que nous. Il ne reste plus qu’à espérer que leur exemple aura
raison du passéisme pédagogique que nous connaissons aujourd’hui et qu’un jour
prochain, les décideurs se libéreront du carcan idéologique qui les empêche de recommander des pratiques efficaces.
Pour en savoir plus sur EBP voir les articles très renseignés de Kerry Hempenstall, celui-ci par exemple.