À intervalles régulier, des
« pédagogues » ayant pignon sur rue,
parsèment leurs discours du terme explicite, avec ou sans guillemets. On
lit alors sous leur plume qu’il faut pratiquer une pédagogie de l’explicite, injecter de l’explicite, multiplier les moments d’explicitation
dans les pratiques. Tout récemment, l’IFE
a écrit un article pour expliquer comment « enseigner plus
explicitement ». Un salmigondis particulièrement indigeste qui n’informe
en aucune façon sur la réalité de l’Enseignement Explicite. En 2014, Jean
Yves Rochex parlant d’enseignement explicite, évoquait
les deux sociologues qui en seraient à l’origine… Viviane Isambert Jamati et
Basil Berstein ! Et aucun mot sur Barak
Rosenshine qui pourtant en est le véritable inventeur. Les mêmes se
sont aussi passionnés il y a quelques années pour l’enseignement explicite des
stratégies de lecture, qui finalement n’a qu’un lointain rapport avec avec
l’Enseignement Explicite. Plus récemment encore, S. de Vanssay résume la
profondeur de la pensée qui préside à cette OPA sur le vocable explicite
: «Moi je suis complètement pour que les
choses soient explicites à l’école mais pour moi ça n’a rien à voir avec la
pédagogie explicite.»
Les mentors constructivistes
usent et abusent du terme explicite mais Ils gardent les contenus pédagogiques
inchangés, et soutiennent toujours le
bien-fondé des pratiques de découverte.
Cet engouement lexical est assez récent. Comme si, devant l’effondrement
du niveau des élèves, et dans une vue incantatoire, ce mot pourrait être le
garant de résultats meilleurs. Une caractéristique de l’Enseignement Explicite
est son efficacité avérée, cela commence à se savoir en dépit des efforts de
l’institution pour le cacher. Alors, une petite dose annoncée d’explicitation
pourrait peut-être redorer le blason d’un constructivisme hors d’âge. Ah, le
pouvoir des mots…
Ce discours est nébuleux et contradictoire. Il
sème la confusion et donne une idée erronée de l’Enseignement Explicite. Alors pour celles et ceux qui souhaiteraient
en savoir plus sur l’Enseignement Explicite,
courant pédagogique initié par Barak Rosenshine et ayant montré son
efficacité, voici quelques éléments qui permettront de le reconnaître.
Tout article, discours,
présentation parlant d’Enseignement Explicite :
- Dit toute l’importance des données probantes en matière d’évaluation des pratiques pédagogiques.
- Mentionne les études à grande échelle les plus importantes (au moins le projet Follow Through)
- Fait référence à son fondateur, Barak Rosenshine,
o
Et au moins aux chercheurs essentiels C.Gauthier, S.Bissonnette, M.Richard.
- Dit l’essence instructionniste de la pratique
- Évoque les principes cognitifs sur lesquels est basée la pratique
- Fait référence à des cognitivistes comme Sweller, Willingham, Kirschner, Dehaene
- Décrit les étapes pédagogiques : explication, compréhension, maintien en mémoire – Dire, montrer, guider, entraîner
- Présente l’architecture d’une leçon et les principes essentiels
- Considère l’enseignant comme un professionnel capable d’identifier les pratiques pédagogiques efficaces
- Dit l’importance de la gestion de classe enseignée elle aussi explicitement
- Ne prétend pas être la seule méthode efficace
- Explique que tout ne se vaut pas en pédagogie
- Montre la différence avec l’enseignement traditionnel
- Évoque les liens de parenté avec le Direct Instruction, méthode explicite inventée par S.Engelmann
Alors, si on prétend que
« la pédagogie explicite est compatible avec les démarches
constructivistes », soyez méfiants, c’est le signe que vous avez à faire à
une contrefaçon.
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