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vendredi 22 janvier 2016

Enseignement Explicite : attention aux contrefaçons !



À intervalles régulier, des « pédagogues » ayant pignon sur rue,  parsèment leurs discours du terme explicite, avec ou sans guillemets. On lit alors sous leur plume qu’il faut pratiquer une pédagogie de l’explicite,  injecter de l’explicite, multiplier les moments d’explicitation dans les pratiques. Tout récemment, l’IFE a écrit un article pour expliquer comment « enseigner plus explicitement ». Un salmigondis particulièrement indigeste qui n’informe en aucune façon sur la réalité de l’Enseignement Explicite. En 2014, Jean Yves Rochex parlant d’enseignement explicite, évoquait les deux sociologues qui en seraient à l’origine… Viviane Isambert Jamati et Basil Berstein ! Et aucun mot sur  Barak Rosenshine qui pourtant en est le véritable inventeur. Les mêmes se sont aussi passionnés il y a quelques années pour l’enseignement explicite des stratégies de lecture, qui finalement n’a qu’un lointain rapport avec avec l’Enseignement Explicite. Plus récemment encore, S. de Vanssay résume la profondeur de la pensée qui préside à cette  OPA sur le vocable  explicite : «Moi je suis complètement pour que les choses soient explicites à l’école mais pour moi ça n’a rien à voir avec la pédagogie explicite  

Les mentors constructivistes usent et abusent du terme explicite mais Ils gardent les contenus pédagogiques inchangés, et soutiennent toujours  le bien-fondé des pratiques de découverte.  Cet engouement lexical est assez récent. Comme si, devant l’effondrement du niveau des élèves, et dans une vue incantatoire, ce mot pourrait être le garant de résultats meilleurs. Une caractéristique de l’Enseignement Explicite est son efficacité avérée, cela commence à se savoir en dépit des efforts de l’institution pour le cacher. Alors, une petite dose annoncée d’explicitation pourrait peut-être redorer le blason d’un constructivisme hors d’âge. Ah, le pouvoir des mots…

Ce discours est nébuleux et contradictoire. Il sème la confusion et donne une idée erronée de l’Enseignement Explicite.  Alors pour celles et ceux qui souhaiteraient en savoir plus sur l’Enseignement Explicite,  courant pédagogique initié par Barak Rosenshine et ayant montré son efficacité, voici quelques éléments qui permettront de le reconnaître.

Tout article, discours, présentation parlant d’Enseignement Explicite :
  • Dit toute l’importance des données probantes en matière d’évaluation des pratiques pédagogiques.
  • Mentionne les études à grande échelle les plus importantes (au moins le projet Follow Through)
  • Fait référence  à son fondateur, Barak Rosenshine,
o   Et au moins aux chercheurs essentiels C.Gauthier, S.Bissonnette, M.Richard.
  • Dit l’essence instructionniste de la pratique
  • Évoque les principes cognitifs sur lesquels est basée la pratique
  • Fait référence à des cognitivistes comme Sweller, Willingham, Kirschner, Dehaene
  • Décrit les étapes pédagogiques : explication, compréhension, maintien en mémoire – Dire, montrer, guider, entraîner
  • Présente l’architecture d’une leçon et les principes essentiels
  • Considère l’enseignant comme un professionnel capable d’identifier les pratiques pédagogiques efficaces
  • Dit l’importance de la gestion de classe enseignée elle aussi explicitement
  • Ne prétend pas être la seule méthode efficace
  • Explique que tout ne se vaut pas en pédagogie
  • Montre la différence avec l’enseignement traditionnel
  • Évoque les liens de parenté avec le Direct Instruction, méthode explicite inventée par  S.Engelmann
Alors, si on prétend que « la pédagogie explicite est compatible avec les démarches constructivistes », soyez méfiants, c’est le signe que vous avez à faire à une contrefaçon.


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