Siegfried Engelmann est à l’origine
du courant pédagogique appelé Direct Instruction.
Au début des années 60,
S.Engelmann travaillait dans la publicité : il essayait de définir les
actions propres à susciter la rétention d’information. C’est
donc par le biais des stratégies de marketing qu’il en est venu, avec le succès
que l’on connaît, au monde éducatif. Voilà un parcours pour le moins atypique
et dont l’originalité n’a sans doute pas facilité les choses. Dans le monde
éducatif, la parole de ceux qui ne sont pas nés dans le sérail est moins
crédible, même si elle s’inscrit dans l’efficacité.
Son travail sur les
stratégies de marketing le conduisit à développer des techniques d’enseignement
à destination des enfants, que, dans un premier temps il utilisa pour ses deux
fils. Ce sont ces premières expériences familiales qui lui donnèrent l’envie d’aller
plus loin et le menèrent, quelques années plus tard, aux programmes et
techniques du Direct Instruction. Il était alors conscient du lien étroit entre
ce que ses fils avaient appris et la manière dont il les avait enseignés. En 1964,
il quitta sa carrière dans la publicité pour devenir chercheur associé à l’Institute
for Research on Exceptional Children, University, Champaign-Urbana, où il
collabora avec le chercheur Carl Bereiter. Très vite, ils inaugurèrent l’école
maternelle Bereiter Engelmann, dans laquelle ils utilisaient et testaient leurs
techniques pédagogiques auprès d’enfants défavorisés. L’idée fondamentale de
Engelmann se confirmait de jour en jour : pour lui, si l’élève ne réussit
pas à apprendre, ce n’est pas de sa faute, mais plutôt celle de l’enseignement
qu’il a reçu.
Tout au long des années 60,
S.Engelmann a poursuivi son travail sur la quête d’efficacité des techniques
pédagogiques et des programmes afin de mieux comprendre comment les enfants de
milieux et de niveaux variés apprenaient. Il a conçu toutes ses
expérimentations pour trouver la manière la plus efficace d’enseigner et
pour adapter cet enseignement à tous les enfants, quels que soient leurs
milieux sociaux d’origine. Son approche est scientifique, il analyse chaque
variable d’enseignement pour déterminer les meilleures approches. En 1970, il
devint professeur à l’institut de formation des enseignants, Université de l’Oregon,
à Eugene.
En plus de son travail de
terrain, S.Engelmann a compilé ses idées dans de nombreux articles et une
vingtaine d’ouvrages. La somme de son travail se trouve dans un ouvrage rédigé
avec Douglas Carnine, Theory
of Instruction, dans laquelle les deux chercheurs résument les bases
théoriques de la pédagogie du Direct Instruction.
Parmi ses observations,
celles concernant la langue ; il a observé que les élèves défavorisés
présentaient tous un déficit langagier par rapport à leurs pairs, lequel était à
l’origine de leurs échecs scolaires et à des difficultés en lecture. Il s’est
alors tourné vers le développement de la langue et les habiletés de lecture.
Cela a accrédité sa thèse selon laquelle l’acquisition de connaissances et le
développement d’habiletés dépendent d’un enseignement approprié ajusté au
niveau réel de l’enfant. Pour lui, l’enseignant doit être capable de reconnaître
et comprendre les habiletés de l’élève, d’en déduire le type d’enseignement
dont il a besoin.
Le Direct Instruction fut conçu
pour optimiser l’efficacité de l’enseignement, et en même temps, avoir une
bonne connaissance du niveau véritable des élèves ; cela devait permettre
de dispenser un enseignement adéquat afin que les élèves ne soient plus dépassés
ni découragés face à la réussite de leurs pairs. Voilà un aspect du Direct
Instruction qui est souvent passé sous silence, à tort. C’est l’influence
notable qu’il a sur l’estime de soi et la réconciliation avec l’école. Ce fut d’ailleurs
l’un des points évalués dans le projet Follow Through : le Direct
Instruction eut les meilleures performances sur l’estime de soi. Alors qu’il y
avait en lice des méthodes dont l’estime de soi était l’objectif principal.
Pour S.Engelmann, on l’aura
compris, la maîtrise des habiletés est
un passage obligé pour avancer dans les études. Elle est garantie par le
groupement des élèves par niveaux et en petits groupes. Il n’y a
pas de classes hétérogènes. À l’origine, S. Engelmann avait
le souci des élèves à risques. Il voulait leur permettre d’apprendre plus en
moins de temps, ce qui devait les conduire à avoir rattrapé leur retard en fin
de scolarité élémentaire.
Le succès du Direct
Instruction dépend de 3 éléments : l’affectation des élèves dans des
classes tenant compte de leur niveau véritable, l’utilisation d’un programme scolaire
approprié, un enseignement adéquat de la part des enseignants. La philosophie
éducative d’Engelmann et les recherches sur les jeunes enfants ont conduit au
développement de DISTAR (Direct Instruction System for Teaching Arithmetic and
Reading)entre 1968 et 1970 qui a fait l’objet par la suite de plusieurs évolutions.
Enfin, on ne peut pas
évoquer S.Engelmann sans parler du projet Follow Through, la plus vaste
expérience éducative jamais conduite aux Etats-Unis, destinée à évaluer les
efficacités respectives de plusieurs méthodes pédagogiques. Par un heureux
concours de circonstances, le Direct Instruction y participa et utilisa les
programmes DISTAR. L’outsider se révéla sortir gagnant de cette gigantesque
opération ; son efficacité était patente, tant au niveau des acquisitions,
qu’à celui du raisonnement et celui de l’estime de soi. Des résultats criants
mais qui finalement seront maintenus sous le boisseau par l’establishment
éducatif.
S.Engelmann, même s’il n’enseigne
plus aujourd’hui est encore très actif, il préside le NIFDI (National Institute for Direct
Instruction) et continue de dispenser ses conseils et ses enseignements.
Pour en savoir plus,
consultez son site personnel Siegfried
Engelmann and Direct Instruction ou alors lisez ce passionnant témoignage Teaching
Needy Kids in our Backwards System dans lequel il narre 42 années de
batailles acharnées pour tenter d’améliorer un système éducatif en perdition,
le tout dans le contexte social de l’Amérique des années 60 et 70.
Mais vous trouverez aussi sur
Form@PEx, de nombreux autres articles, vidéos, entretiens. Voir ici.
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