Voici un article très intéressant écrit par Shaun Killian,
il a suscité l’intérêt de nombreux enseignants. Il porte sur l’importance d’un
enseignement spécifique du vocabulaire. Le titre donne le ton : 3 raisons pourlesquelles plus de lecture n’enrichit pas forcément le vocabulaire.Voici, en
substance, ce qu’il dit.
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Chacun sait, et la recherche l’a montré, toute l’importance
d’un bon vocabulaire pour une meilleure compréhension en lecture. John Hattie
va même plus loin en soutenant qu’il surpasse en efficacité des enseignements
spécifiques comme par exemple les stratégies de compréhension. Si la maîtrise
du vocabulaire facilite la lecture, la réciproque n’est pas forcément vraie :
lire plus n’induit pas une amélioration du vocabulaire significative pour tous
les élèves.
La très grande majorité des enseignants disent que, pour
améliorer le vocabulaire des élèves, ils les incitent à lire davantage. Bien
sûr, il faut encourager la lecture ; néanmoins, ce n’est pas le meilleur
moyen pour enrichir le vocabulaire. Pourquoi ?
Tout d’abord car deviner le sens d’un mot dans un texte conduit
à des approximations, à des interprétations erronées. Il est indispensable que
les élèves connaissent le sens précis des mots ainsi que leur utilisation liée
aux divers contextes possibles.
Par ailleurs, une exposition occasionnelle n’améliore pas le
vocabulaire. Il faut avoir été exposé plusieurs fois à un mot pour en intégrer
le sens. Une seule fois lors d’une lecture est insuffisant. La recherche dit que
les élèves retiennent seulement 15% des mots nouveaux rencontrés au cours d’une
lecture occasionnelle.
Enfin, la plupart des élèves ne trouvent pas le sens des
mots nouveaux, et continuent leur lecture malgré tout. Pour apprendre des mots
nouveaux, il faut que l’élève en ait la ferme intention. Mais il doit aussi
connaître le fonctionnement et la structure des mots, Quand l’élève aura à la
fois le désir et l’aptitude, il pourra
intégrer de nouveaux mots.
Comment favoriser un tel apprentissage ?
Selon la recherche, la seule chose à faire, et la plus
importante, est d’enseigner explicitement les mots nouveaux. Cela passe par un
travail sur des listes de mots, et par un enseignement de mots en rapport avec
les sujets abordés. Mais on peut aussi faire d’autres choses pour améliorer
apprentissage des mots dans une fourchette de 15 à 41 %. Ces stratégies se
centrent sur la discussion de mots lors de lectures.
Stratégie 1 : Susciter un intérêt pour les mots.
Le travail de l’enseignant est de nourrir la curiosité des
élèves pour les mots, de les conduire à rechercher du vocabulaire nouveau et à
approfondir la compréhension des mots déjà connus.
Stratégie 2 : Enseigner les mots explicitement.
Il s’agit d’enseigner les coulisses des mots. L’enseignement
porte sur les connaissances phoniques, morphologiques. On enseigne la structure
constitutive des mots, les segments
porteurs de sens (radical, préfixe, suffixe) afin que, dans des mots nouveaux,
les élèves soient capables de les repérer.
Stratégie 3 : Expliquer les nouveaux mots au fur et à
mesure de leur rencontre.
Souvent, les élèves écoutent leur enseignant ou leurs pairs
lire. Dans ce « lire ensemble », peu importe qui lit, toute la classe
est activement impliquée dans la compréhension et dans la discussion du texte.
En expliquant le sens des mots quand ils apparaissent, on double la probabilité
de mémorisation du mot.
Stratégie 4 : Impliquer les élèves dans la découverte
de nouveaux mots.
Cela vient compléter efficacement les stratégies déjà
énoncées. On peut demander aux élèves d’écrire leur propre explication du mot. Mais
aussi de réaliser des comparaisons de mots liés entre eux, de préciser des
différences. On peut leur faire établir des cartes hiérarchiques des mots
cousins, des dessins ou des diagrammes pour les
aider à retenir le terme ou examiner les différences grammaticales entre mots
de la même famille.
Stratégie 5 : réviser les mots plusieurs fois.
Les élèves mémorisent
mieux les mots s’ils y ont été exposés de multiples fois. Ainsi, il faut attirer
l’attention sur des mots déjà présentés lors des lectures collectives. Il faut aussi
leur rappeler les différents sens des mots selon les contextes.
Attention il est dangereux de laisser l’apprentissage du
vocabulaire se faire uniquement lors des
lectures autonomes. En plus des inconvénients cités plus haut, cela accentue
l’écart entre bons et faibles lecteurs.
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Une fois de plus, la recherche et l’expérience mettent en
exergue la nécessité d’un enseignement explicite et structuré au détriment d’un
enseignement reposant sur la découverte autonome. Une fois de plus, preuve est
faite, confirmée par l’expérience de classe, qu’une pratique abondante, une
exposition fréquente aux mots nouveaux est la voie vers une efficacité accrue.
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