Alors
que les médias peaufinent leurs marronniers de rentrée scolaire, que les
publicités vantent les mérites d’un stylo magique ou autre cartable
indispensable à l’avenir des écoliers, et que la ministre de l’Éducation
Nationale promeut Collège 2016 au nom de « l’intérêt des enfants », je
reste zen. Cette année, j’observe cela avec le recul de l’enseignante passée
désormais en mode contemplatif. Et Dieu que cela est agréable, je ne vais pas
bouder mon plaisir.
Néanmoins,
j’ai une pensée pour celles et ceux qui vont continuer à faire tourner la
boutique envers et contre tous, en dépit des réformes en cours, à la fois
ineptes, chronophages, et inefficaces. En dépit des obstacles, qu’ils émanent
d’une administration tatillonne et bureaucratique, de collectivités locales non
motivées ou de parents devenus conseillers en pédagogie. Ceux que je connais personnellement et les
autres. Ceux du secondaire également, qui devront mettre en place l’une des
réformes les plus saugrenues qu’il nous a été donné de connaître.
Si
l’édifice Éducation Nationale ne s’est pas encore totalement écroulé, c’est
bien grâce à eux, qui doivent quotidiennement franchir les embûches sans aucune
reconnaissance. Reconnaissance, le mot est lâché. Les enseignants souffrent
d’un manque notoire de reconnaissance, sociale, économique, professionnelle. La
plus importante est la professionnelle, de laquelle devrait découler un salaire
approprié et par suite une reconnaissance sociale. Or, il n’en est rien.
L’enseignant n’est pas reconnu comme un véritable professionnel, ni par sa
hiérarchie, ni par les parents d’élèves dont l’avis pédagogique est
prépondérant. La pénibilité du métier
est soigneusement passée sous silence par les médias et pourtant les burn out sont courants dans ce métier
qui bien souvent, en secondaire et dans certaines écoles primaires, ne consiste
plus à enseigner mais à « gérer des comportements ».
L’école,
qui revendique la bienveillance
comme vertu cardinale, se contente de pompeux discours qui ne dupent plus grand
monde aujourd’hui. Dans les actes, elle dessert l’intérêt des élèves et méprise
complètement son personnel enseignant.
Alors,
aujourd’hui, j’ai une pensée pour tous ces enseignants qui, en dépit des
circonstances, maintiennent un édifice chancelant, mais à quel prix et pour combien de temps
encore ?