Quand on débute dans le
métier d’enseignant, il y a deux façons
de faire : on peut être persuadé que la formation reçue est
professionnalisante, on a hâte d’être sur le terrain, on ne doute pas. Ou alors, on est un peu plus pragmatique et conscient des limites de la formation
reçue pour aborder une classe dans la vraie vie. Dans ce cas, on surmonte
l’inquiétude en préparant et "sur préparant" sa classe. C’est à ce type de
personnes que ce billet s'adresse.
Voici, pêle-mêle, quelques
principes conduisant à plus d’efficacité et à une approche plus sereine. Ils font
partie de l’Enseignement Explicite et
ont été largement développés par John Hattie dans son étude Visible Learning. Quand on débute, nous
l’avons tous fait, on rédige des tonnes de fiches de préparation, on essaie de
penser à tout, en général, on prévoit trop, on prévoit mal. Bien sûr, cela est formateur.
Néanmoins, le mieux étant l’ennemi du bien,
cette accumulation documentaire peut empêcher parfois de prendre du recul
et faire oublier certaines règles de base. En voici quelques-unes qui doivent tenir lieu de gouvernail dans toute planification pédagogique.
- Être conscient que l’enseignant, par ses actions, a un impact sur les apprentissages. Rappelons-nous de la phrase de S.Engelmann « Si l’élève n’a pas appris, alors le professeur n’a pas enseigné ». Il ne s’agit pas de culpabiliser l’enseignant, mais de prendre conscience de l’utilité du choix d’actions pédagogiques efficaces. Tout enseignant commet des erreurs, et a expérimenté des leçons qui n’ont pas marché. Cela n’est pas grave dans la mesure où il est capable d’en être conscient dans un premier temps, d’en faire l’analyse, et surtout de se corriger. Le meilleur moyen pour un débutant est de faire abstraction de sa formation et de focaliser sur ses élèves et les réactions qu’ils développent face à son enseignement. L’enseignant est, selon la formule de John Hattie un « agent du changement » (sur le plan cognitif) et non, comme le croit l’école constructiviste un « guide accompagnateur » (guide by the side).
- Avant toute chose, dès le premier jour de l’année scolaire, mettre en place une bonne gestion de classe, grâce aux règles à faire respecter. C’est un préalable indispensable : il s’agit d’installer durablement les comportements propices aux apprentissages.
- Instaurer un climat de respect et confiance mutuelles.
- Être conscient que toutes les actions pédagogiques n’ont pas le même impact sur les apprentissages. Éliminer celles qui n’apportent rien de tangible. Certes, cela est difficile au début ; par exemple, lorsque l’on vous a persuadé que la mémorisation systématique de certains faits ou une pratique soutenue sont des actions inefficaces, il n’est pas aisé de tenter autre chose et d'aller contre la doxa.
- La conséquence du point précédent : apprendre à écouter, observer les élèves, à les questionner. Leurs réactions vous instruisent sur la manière dont ils ont appris, ou dont ils n’ont pas appris. Cette observation vous informe aussi sur leur niveau précis. Éviter la tendance courante consistant à trop parler. Écouter et observer.
- Être conscient des 3 phases de l’apprentissage : novice, avancée, experte. Savoir les identifier chez les élèves afin d’y répondre au mieux.
- Savoir qu’il est vain d’enseigner un contenu si le contenu préalable n’est pas acquis ; on doit toujours lier la nouvelle information à la précédente.
- Permettre aux élèves d’être conscients de leurs apprentissages, établir une pensée métacognitive et leur apprendre à se concentrer.
- Faire développer la persévérance et faire accepter l’idée d’effort avec ses passages plus ou moins agréables. Toujours mettre en exergue le plaisir du résultat, lié aux efforts accomplis. Cela contribue à développer un esprit dynamique.
- Toujours fournir un feedback sur le travail et sur la progression.
- Enfin ne pas oublier que l’enseignement explicite est une méthode pédagogique dont l’efficacité a été montrée, tant par la recherche que par la pratique en classe.
Déjà, si on garde en tête
ces quelques éléments, c’est un premier pas vers l’efficacité. Engelmann
faisait remarquer dans l’un de ses ouvrages que le travail d’enseignement n’est
pas une mise en scène destinée à séduire un éventuel public, c’est un travail
de tous les jours, parfois laborieux, parfois plus facile. Ce qui compte n’est
pas l’hypothétique leçon modèle que l’on pourrait faire devant un
observateur patenté et qui correspondrait aux canons de la pédagogie
officielle, mais plutôt tout ce qui se fait quotidiennement, parfois
répétitivement, sans paillettes mais avec efficacité.
Pour en savoir plus sur l'Enseignement Explicite,visitez Form@PEx, le site francophone de référence.
Bonne rentrée à tous, débutants ou pas ...