Article paru dans la revue Résonances
L’éducation reste un domaine où les méthodes d’enseignement
échappent à la loi de l’efficacité ; c’est l’idéologie qui les définit. Le
chercheur américain Carnine parlait en
2000 d’une profession « manquant d'une base scientifique solide et
ayant moins de respect pour les preuves que pour l'opinion et l'idéologie».
En France, le niveau des élèves est en baisse continue mais on persiste à utiliser des méthodes pédagogiques inefficaces,
dans un contexte scolaire ne favorisant ni le sens de l’effort ni celui de la
curiosité. Le socio-constructivisme perdure encore et toujours malgré les
conséquences, malgré les mises en garde des chercheurs cognitivistes.
Cela étant, un changement s’amorce, même si celui-ci reste
discret. Les données probantes se font une place dans la recherche et parfois
sur le terrain, surtout dans les systèmes des pays anglophones, au Québec. En
France et en Belgique, quelques expériences aussi. Depuis 1990, on parle d’approche
basée sur des interventions éducatives dont l’efficacité a été prouvée . Cette
avancée reste insuffisante. Il est
urgent de dépasser le stade de quelques expérimentations ponctuelles et ciblées
pour être l’objet d’une pratique généralisée.
Cela ne se fera qu’avec une forte volonté politique pour
introduire cette approche dans la formation des enseignants, ce qui revient à
admettre le rapport à l’efficacité dans le domaine éducatif. La liberté
pédagogique des enseignants français ne devrait pouvoir s’exprimer que dans le
cadre de méthodes dont l’efficacité a été prouvée et auxquelles ils auraient
été formés. On n’imagine pas aujourd’hui que des domaines comme la médecine,
l’écologie, l’architecture et tant d’autres encore ignorent les preuves scientifiques, alors pourquoi
l’éducation, qui est la clé de voûte de notre avenir, devrait-elle encore faire
exception ?
Françoise Appy, enseignante, collaboratrice Form@PEx. 29/12/2020