L’Éducation
Nationale en aucun cas, n’utilise de données probantes pour ses orientations
pédagogiques. Peu lui importent les nombreuses études montrant quelles méthodes
favorisent de meilleurs apprentissages. Elle s’appuie sur des principes idéologiques
pour définir les actions pédagogiques qu’elle va encourager. Elle utilise un
raisonnement simpliste consistant à croire par exemple, qu’en supprimant les
notes, les élèves auront une meilleure estime de soi et leur niveau s’améliorera.
Les exemples, on va le voir ci-dessous, sont légions. Les membres de la
hiérarchie enseignante, les formateurs sont aguerris à la pratique des
sophismes, voire des syllogismes non concluants qui constituent l’élément
essentiel de leur argumentaire.
Ainsi :
·
On enseigne
l’orthographe, la grammaire et la conjugaison. Malgré tout, les élèves sont
mauvais en expression écrite. Donc, supprimons l’enseignement de l’orthographe,
de la grammaire et de la conjugaison.
·
On
enseigne le calcul. Malgré tout, les élèves sont faibles en problèmes. Par
conséquent, supprimons l’enseignement du calcul.
·
Les
élèves suivent un enseignement de l’orthographe. Néanmoins, ils échouent en
dictée. Il faut donc supprimer la dictée (et l’enseignement de l’orthographe).
·
Nous
parlons français. Par conséquent, toutes les activités scolaires relèvent de
cet enseignement. Il n’est donc pas nécessaire de l’enseigner systématiquement.
·
La
plupart des informations sont accessibles sur Internet. Il n’est donc plus
utile d’enseigner les faits.
Des vieilles lunes en faveur de la suppression des enseignements disciplinaires systématiques.
Des vieilles lunes en faveur de la suppression des enseignements disciplinaires systématiques.
·
Certains
élèves redoublent. Ils ont un mauvais niveau. Le redoublement nuit au niveau
scolaire.
Tout l’art de prétendre se
soucier du niveau des élèves alors qu’il ne s’agjt que de considérations
financières relatives au coût du redoublement. Par ailleurs, faire passer en
classe supérieure des élèves n’en ayant pas le niveau leur permet-il de
s’améliorer ?
·
Les
élèves faibles ont des mauvaises notes. Les mauvaises notes dégradent l’estime
de soi. Il faut donc supprimer les mauvaises notes.
Tout l’art de prétendre se
soucier du bien-être des élèves alors qu’il s’agit simplement de niveler par le
bas.
·
Pointer
les erreurs est une pratique courante. Pointer les erreurs s’adresse à l’élève
qui en est l’auteur et le stigmatise. Il ne faut plus pointer l’erreur.
Il s’agit de niveler par
le bas, de ne pas désigner les bons et les moins bons élèves, de ne pas
susciter d’émulation. Scolairement, aucune individualité n’a le droit
d’exister, tous les élèves doivent réussir de manière identique.
·
En
lecture, on apprend à déchiffrer les mots. Déchiffrer les mots n’enseigne pas
le sens. Il faut donc éviter le déchiffrage pour apprendre à lire.
Voilà un syllogisme qui
justifie depuis des décennies l’utilisation des méthodes globale ou
semi-globale, naturelle.
Les lecteurs experts lisent rapidement. Il faut donc enseigner la rapidité en lecture.
Gros succès chez les constructivistes : confondre experts et apprentis. Obtenir des experts sans passer par le stade laborieux de l'apprentissage.Ce fut la mode dans les années 90, des séances de lecture rapide, à des élèves qui ne maîtrisaient même pas le déchiffrage. Résultat, des non lecteurs qui dès le début prenaient de mauvaises habitudes de balayage rapide des mots.
·
Tout
seul, le jeune enfant apprend à parler, à marcher, à reconnaître les visages.
Il en sera de même pour les apprentissages scolaires qui se feront
naturellement.
Voici le credo du
constructivisme, en complète opposition avec ce que l’on sait des apprentissages :
les apprentissages primaires (naturels) se font naturellement et les
apprentissages secondaires (culturels) se font par le biais de tiers par
transmission directe.
·
Les
méthodes de lecture en vigueur sont efficaces. Si l’élève n’apprend pas à lire,
alors il est malade, cela s’appelle la dyslexie.
Face au déni de réalité on
invente la médicalisation de l’échec scolaire. Et l’on crée un slogan : si
l’élève n’a pas appris, alors il est malade.
Car il est inconcevable de mettre en doute les méthodes d’enseignement préconisées.
·
Mémoriser
des faits ne permet pas de comprendre. Mémoriser des faits abêtit.
Là, il n’y a ni sophisme ni syllogisme,
ce serait plutôt un axiome reposant sur une peur panique de la mémoire. Cela
révèle une complète méconnaissance de la structure cognitive et des processus
entrant en jeu dans ce qu’on appelle la compréhension.
Ces
quelques exemples permettront de se faire une idée du niveau argumentaire. Le drame
dans l’histoire est que la formation repose sur ce type d'élément et véhicule des informations erronées. Or, comme l’écrit si bien Michel Onfray, « une erreur répétée
dix fois, cent fois, mille fois devient vérité quand elle est proférée par des
officiels, par des institutions. Un mensonge pieux passe alors pour une
certitude définitive. » Michel ONFRAY (Les sagesses
antiques)