LPP, CNRS et Université René Descartes - Paris 5
2006
Les
travaux de Liliane Sprenger-Charolles sur la lecture montrent
l’importance de l’identification des mots, dans le processus
d’apprentissage. Elle a remarqué chez des enfants en difficulté que cet
aspect-là est bien plus déterminant que celui de la compréhension.
L’identification
des mots est un passage obligé. Elle doit se faire indépendamment du
contexte. Le but est d’amener l’élève à procéder à une identification la
plus rapide possible, à une véritable automatisation.
Dans la langue alphabétique qu’est la nôtre, identifier les mots repose sur :
• Une procédure lexicale (ou orthographique), qui s’appuie sur les
unités porteuses de sens. Ce n’est pas une procédure visuelle.
• Une
procédure sublexicale (ou médiation phonologique), qui s’appuie sur des
lettres ou suites de lettres transcrivant des phonèmes. La recherche a
montré que cette procédure s’automatise progressivement. Elle comprend à
la fois le décodage du débutant mais aussi celui du lecteur expert qui
en quelques millisecondes peut déchiffrer des mots qu’il ne connaît pas.
Les conclusions de Liliane Sprenger-Charolles :
• Au début de
l’apprentissage, la médiation phonologique est fortement utilisée et son
usage augmente encore par la suite alors que commencent à apparaître
des traitements lexicaux. Cela permet à l’élève de se constituer un
lexique orthographique et conditionne la procédure lexicale.
• L’analyse phonémique en maternelle est une aide essentielle pour une entrée dans l’écrit.
• L’approche phonologique a une influence réelle sur l’orthographe, les
bons en orthographe étant ceux qui ont les meilleures capacité de
décodage et ceux qui, à 5 ans, avaient les meilleurs résultats en
analyse phonémique.
Malgré l’opacité de l’orthographe, la capacité
de décodage reste déterminante dans le succès de l’apprentissage de la
lecture, les meilleurs décodeurs précoces étant ceux qui progressent le
plus, y compris en lecture de mots irréguliers et en compréhension
écrite.
L’enseignement de la lecture, tel que nous le suggérons,
s’appuie sur ce courant d’études bien représenté par Liliane
Sprenger-Charolles, auquel viennent se greffer nos expériences du
terrain. C’est pourquoi nous refusons d’ignorer ou de minimiser l’étape
de l’apprentissage du déchiffrement systématique et explicite qui est un
des passages obligés. Mais la lecture n’est pas que cela et nous y
joignons en aval tout le travail sur la conscience et l’analyse
phonémique effectué en Maternelle dont l’importance pour la suite est
maintenant reconnue. (voir aussi l’enquête de Jean-Paul Caille et
Fabienne Rosenwald dans laquelle on prend conscience de l’importance des
acquis de Grande Section pour la scolarité future). Au CP et dans les
classes suivantes, cela s’accompagne de l’indispensable étape sur la
compréhension, qui peut être abordée de manière spécifique et plus
largement, par le travail sur la langue et le lexique. Nous suivons en
cela le modèle de Gough qui semble faire consensus dans le milieu de la recherche : L = R x C, L = lecture, R = reconnaissance des mots isolés, C = compréhension.
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vendredi 27 janvier 2006
L.Sprengler-Charolles, Les premiers apprentissages de la lecture et de l'écriture en français
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